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Un mot sur les mots

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"Les mots ne sont que des symboles de symboles, et donc ils sont doublement éloignés de l'état de réalité" - Un Cours en miracles

 

 

Les mots que nous utilisons sont des concepts issus de notre propre monde, celui de la perception limitée par l'espace et le temps. Ils sont donc peu adéquats pour décrire tout ce qui peut se situer au-delà de notre perception basique, notamment dans le domaine des idées. Nous traiterons plus en profondeur l'importance des concepts plus loin dans cet ouvrage, mais envisageons déjà que le moindre objet de la vie quotidienne est d'abord un concept avant d'être projeté sous une forme, une image captée par nos sens. Il en est ainsi d'une chaise ou d'une table: Nous savons qu'il existe un consensus sur la fonction spécifique de ces objets (une chaise à pour fonction de s'asseoir), mais ils peuvent prendre de nombreuses formes très différentes sur le plan concret. Bien sûr, tout se complique encore lorsque l'on parle de concepts et d'idées. Une table d'hôte est moins facile à définir qu'une table de cuisine.

 

Un écrivain, un auteur en général désire avant tout être compris le plus précisément possible de son lectorat. Il veut faire passer ses messages et ses idées avec la plus grande clarté possible pour que leur perception chez les autres soit la plus fidèle possible à ce qu'il pense. Mais il doit composer avec des mots qui ne sont que des codes, des conventions. Ainsi, même sur les objets les plus communs, chacun projette un sens qui lui est personnel en fonction de sa carte du monde (notion développé dans le chapitre suivant). Il est donc important de bien situer le contexte dans lequel les mots sont utilisés, même si cela peut paraître superflu pour certains lecteurs qui pensent déjà saisir intuitivement la pensée de l'auteur. Ainsi, je m'excuse par avance si vous avez parfois l'impression que j'enfonce des portes ouvertes ou que je suis redondant. Je souhaite perdre le moins de monde possible en route et notamment tout ceux qui n'ont jamais entendu parler de non-dualité.

 

Les étapes nécessaires à la transmission d'une idée sont nombreuses et à chacune de ces étapes une déperdition de sens est inévitable: Il faut d'abord structurer mentalement l'idée sous forme de concept intelligible, puis utiliser des mots et des phrases qui décrivent le mieux possible ce concept, issus d'un répertoire personnel. Le style, le rythme, le déroulé ont aussi un impact sur la coloration globale du message. Une fois l'idée enfin exprimée, l'auteur a fait sa part mais doit ensuite compter sur la compréhension de son lecteur, qui va interpréter le matériel avec ses propres filtres. A cette cascade de déperditions peut encore s'ajouter celles de la traduction si l'auteur et le lecteur ne parlent pas la même langue. Ces distorsions sont inhérentes à tout matériel écrit en général mais nous pouvons aisément imaginer que les difficultés sont amplifiées dans des domaines tels que la psychologie, la métaphysique et la spiritualité. Or c'est précisément ce dont nous allons parler dans cet ouvrage !

 

Compte-tenu des distorsions pré cités, nous comprenons aussi ce qui a pu se passer avec d'anciens enseignements. Transmis d'abord de façon orale pendant des années, voir des siècles, avec plusieurs intermédiaires, ils ont déjà forcément perdu de précieuses idées en route, quand ce n'est pas le sens complet de l'enseignement au moment d'être rédigés par des scripts qui ne sont même pas contemporains de l'auteur originel. Alors que penser des "vérités" émises il y a 2000 ans par ceux qui ont entendu ceux qui ont vu ceux qui ont croisé ceux qui conversé avec Jésus ? Pour ma part, je pense, comme bien d'autres auteurs, qu'elles n'ont plus qu'un lointain rapport avec le système de pensée du maître. Il n'a jamais voulu fonder une religion de son vivant, d'autres s'en sont chargé pour lui bien plus tard, avec les résultats très mitigés que nous connaissons tous. Et pourtant certains croyants pensent toujours que manger du poisson le vendredi est une volonté de Dieu ! Ces remarques valent bien sûr pour toutes les religions.

 

Ce n'est pas un hasard si j'insiste assez lourdement sur le processus de déformation des idées à travers le langage, et si j'évoque la bible comme exemple. En effet, tout au long de ce livre, je vais citer régulièrement un autre ouvrage appelé "Un Cours en miracles", et qui constitue une référence de la philosophie non-duelle. Tout aussi volumineux que la bible, il exprime par contre des idées bien différentes qui viennent en rectifier les contre-vérités, les contre-sens et les incohérences. Pourtant il utilise les mêmes mots, ce qui fait fuir d'entrée beaucoup de lecteurs, croyants qu'il s'agit là du même vieux système religieux dogmatique et poussiéreux. Or si le Cours en miracle parle bien de spiritualité, de métaphysique, de psychologie et de non religion, pourquoi utilise t-il une terminologie spécifiquement chrétienne alors qu’il est sensé rectifier les nombreuses distorsions de cette religion au sujet du message de Jésus ? En effet, certains termes comme expiation sont très rebutants car très connotés.

 

D’abord, il apparaît clairement que le Cours en miracles s’adresse surtout à un public occidental: Il a été réceptionné et transcrit dans une langue anglophone et fait appel à des références culturelles telles que Shakespeare, Platon ou Freud. Le christianisme a largement imprégné le monde occidental lors des deux derniers millénaires en tant que religion dominante. Même les athées d’aujourd’hui ont sans doute été les croyants d’hier et notre inconscient est largement influencé par cette religion et le modèle que représente Jésus. Nous avons tous une relation particulière avec son image, qu’elle soit le reflet d’un amour inconditionnel ou le reflet d’un rejet, d’un déni. Ainsi, le langage chrétien du Cours pose un grand défi, délibéré, celui de faire remonter à la conscience des émotions et des croyances ambivalentes. Cette mise en lumière est voulue pour guérir précisément nos fausses perceptions à propos de Jésus et son message. Elle a une fonction pédagogique et il serait dommageable de changer la forme du Cours sous prétexte que le fond est immuable. C'est pourtant ce que font de nombreux "enseignants" qui transigent avec ce langage "embarrassant".

 

Mais n'anticipons pas davantage car la route est longue et je la souhaite surtout progressive. Dans ce chapitre dédié à la communication, j'ai surtout voulu attirer l'attention sur le fait que les mots sont juste des "pointeurs" qui indiquent une direction. En tant que symboles, ils ne décrivent pas la réalité, mais la représentation que l'on se fait de la réalité. Si par exemple le mot Dieu, trop connoté, vous met mal à l'aise, et même si vous pensez être athée, remplacez-le par une notion qui résonne davantage en vous: Unité, amour, puissance, paix, sagesse infinie...etc. Il vous suffit juste d'ouvrir votre esprit à la transcendance, à la possibilité que le monde est bien plus vaste que celui perçu par nos petits sens. Dieu est bien trop grand pour se laisser enfermer dans une définition, dans une image de vieillard barbu. Et si vous pensez que Dieu n'aurait pas pu crée ce monde de chaos, envisagez qu'il ne l'a peut-être pas crée. Les mots peuvent être des prisons ou des fenêtres selon notre intention.

 

Christalain

Extrait de "La boussole de l'éveil" - 2021.



01/05/2021
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