INTEGRAAL-concept

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L'abérration new-age

 

Je n'adhère pas complètement à cet article sur la forme, un brin méprisante et caricaturale, mais j'y adhère presque complètement sur le fond, à tel point qu'il ressemble furieusement çà ce que j'ai pu écrire il y a presque 10 ans déjà (avec certes moins de talent). Pour préciser ma pensée, je voudrais signaler que je ne rejette pas les différents thèmes récupérés par le mouvement new-age ainsi que leur existence (le présent, les énergies, les formes pensée, la méditation..etc). Je constate simplement l'utilisation et l'interprétation qui en est faite, souvent de façon exotique, déformée ou très personnelle. Par exemple, personne ne peut nier la valeur du moment présent, mais chacun peut s'interroger sur l'interprétation "arrangeante" qui en est faite et sur les façons d'y accéder, de le vivre. (J'y reviendrais dans un article dédié). Un jour, une dame adepte (pour ne pas dire intégriste) du moment présent et peu sensible à l'humour s'est mise en colère parce que je lui ai dit que le moment présent, réduit à un simple concept, ne suffisait pas à pardonner ce qui était refoulé dans notre inconscient.

 

Bref, cotoyant de façon plus ou moins proche des "new-agers" depuis des années, pour reprendre l'expression de Ganji Ananka, et pour en avoir été un pendant quelques années dans le passé, j'ai constaté combien il était facile de se perdre dans des chimères de lumière qui ne sont bien souvent que de nouvelles fuites face aux problèmes quotidiens qui se posent très concrètement et façon entêtante ! Bien sur, il n'y a rien à juger, chacun expérimente ce qu'il choisit, et aussi longtemps qu'il le souhaite, et mes croyances ne sont pas supérieures a celles du new-âge. Et surtout chacun fait comme il peut. Simplement, nous pourrions souhaiter que ces mêmes new-agers fasse preuve de plus de cohérence et de lucidité. Ainsi devrait-ils utiliser cette tolérance et cet "universel amour" dont ils sont les pourfendeurs avant de juger ou mépriser les âmes "sombres" et "matérialistes" qui n'adhèrent pas à leur idéal d'âge d'or manifesté (qui se fait toujours attendre d'ailleurs).

 

Alain - Mai 2018

 

 

 

L'abérration new-age, ou comment la génération indigo s’empare de la spiritualité

Par Ganji Anankea

 

Ce qui m’a toujours beaucoup amusé dans la mouvance New-Age c’est que les individus qui la composent ne se qualifient pas comme tel. Inconscience ? Honte ? Il est vrai que ce mouvement pseudo-spirituel est bien souvent perçu comme une grande foire aux illuminés et charlatans.

 

Généralement, le pratiquant ou aspirant New-Age est convaincu dès son plus jeune âge qu’il est différent, exceptionnel, unique, ce qui ne l’empêche pourtant pas de se fondre avec plaisir dans  la masse New-Age en adoptant son jargon et ses croyances, embrassant le tout avec jubilation et force naïveté. Car au fil du temps, ce mouvement a conquis le cœur de milliers d’âmes en perte de repères, mais surtout, en quête de sensationnel, et ce petit microcosme a fini par développer sa propre cosmogonie riche de nombreux mythes et concepts communément admis (dont le nombre s’accroît à vue d’œil). De sorte que si vous évoquez la possibilité que votre enfant soit doué d’une sensibilité particulière, l’adepte aguerri vous expliquera aussitôt qu’il est probablement un enfant Indigo* envoyé pour faire évoluer l’humanité. Parmi le palmarès des plus grands succès New-Age, nous pouvons également citer les concepts de synchronicité*, de moment présent*, le pouvoir de l’intention*, les formes-pensées*, les égrégores*, la mission de l’âme*, l’acceptation, le lâcher prise et le non jugement. Nous verrons plus bas comment ces concepts nourrissent la soif de pouvoir, la mythomanie, le sentiment de toute puissance, le rejet de la réalité, et encouragent l’acceptation de l’inacceptable, la passivité et le laxisme. Car il est gai notre New-Ager, il est « positif », convaincu que la pensée positive est la seule capable de sauver l’humanité du chaos, de l’ignorance et accessoirement, de la morosité. D’ailleurs, il ne remet jamais en question la cause New-Age par excellence : sauver l’humanité. Et c’est naturellement à lui, l’être conscient, l’être choisi, l’être supérieur en somme, qu’incombe la dure tâche de montrer la voie.

 

Depuis 2011 que je m’intéresse à ce mouvement hétéroclite, j’ai eu tout le loisir d’en observer et d’en comprendre les aspects divers et variés mais aussi et surtout, ses projets plus ou moins inavoués.

 

Ce qui définit avant toute chose l’adepte de cette tendance néo-spirituelle de l’ère du Verseau*, c’est sa conviction inébranlable que nous vivons un tournant dans l’histoire : l’humanité serait en effet entrée dans une ère de progrès et d’évolution hautement active, conférant à certains êtres humains des pouvoirs extraordinaires, des facultés paranormales. Il va sans dire qu’il se considère comme faisant partie de cette humanité sur-évoluée, preuve en est qu’il a su reconnaître et se rallier au mouvement New-Age, car il est, rappelons-le, depuis toujours « différent » des autres, et possède des facultés extrasensibles qui en attestent. Selon les spécificités de chacun, nous retrouvons cet activiste tantôt dans le milieu des thérapies alternatives (dont le nombre semble pouvoir s’accroître à l’infini), tantôt dans le secteur néo-chamanique, la magie blanche, les communautés bouddhistes (ou autres religions orientales), l’occultisme, la divination (tarot, pendule, numérologie…), l’agriculture (permaculture et autres), les arts (danse, sculpture, artisanat…), et même parmi les chercheurs en civilisations exceptionnelles (disparues ou extraterrestres).

 

Le plus souvent, le New-Ager a conscience qu’il doit se former s’il veut devenir crédible. Il entreprend alors une formation auprès d’une autorité reconnue de tous: un chamane shipibo exilé dans le Poitou, un conférencier Feng Shui, un maître Reiki, un yogi renommé… Il accumule les découvertes à consonance spirituelle exotique en participant à divers ateliers : cérémonie du thé  Zen, confection de tambour ethnique, tente de sudation… dans ce domaine il n’a que l’embarras du choix. C’est ce que notre jeune initié appelle « travailler à son évolution spirituelle», mêlant l’utile à l’agréable et confondant aisément l’ambition professionnelle avec la connaissance de soi. Cet amalgame commode lui permettra ultérieurement de s’autoproclamer lui-même une autorité dans le domaine de la guérison ou de l’éveil spirituel. Pour parvenir à leur fin, les plus ambitieux et téméraires d’entre eux choisissent parfois l’itinérance et partent butiner quelques techniques à droite et à gauche chez tel « ambassadeur de la Lumière » prisé du moment, tel maître ascensionné, dans un temple shaolin provençal ou encore, chez le dernier des Mohicans. Certains diraient qu’il s’agit là d’une sorte de compagnonnage moderne, comme on partait jadis sur les routes de France pour se former auprès de maîtres-ouvriers. Mais à l’époque il était surtout question d’apprendre des techniques ouvrières et artisanales nationales, rien à voir donc avec cet univers ethno-folklorique d’apprentis sorciers atteints du syndrome de Peter Pan.

 

Acquérir de « supers pouvoirs », devenir un être de lumière, communiquer avec les anciens pharaons, les anges ou encore avec les entités extraterrestres, découvrir la félicité éternelle et incarner auprès de tous cet idéal, trouver sa mission de vie, devenir « passeur d’âme », supprimer la dualité du bien et du mal, forment quelques unes des obsessions dont nous abreuvent jusqu’à plus soif nos chers travailleurs de la lumière. Le monde est beau, tout est bien, la lumière peut tout, sont des positions éminemment pertinentes qui nous éclairent et nous rassurent quant à la situation géopolitique mondiale. Ouf ! Nous sommes sauvés ! Mais derrière cette pléthore de « bonnes intentions », se dissimule à peine le motif réel, bien moins louable certes mais si désespérément humain : la quête de pouvoir. Le mouvement New-age serait-il une jolie devanture pour couvrir des activités qui relèvent bien plus de la manipulation énergétique, autrement dit de la sorcellerie, que de l’altruisme ?

 

Car de quoi parle-t-on lorsqu’il s’agit d’apprendre à manipuler les énergies ? La manipulation des énergies personnelles, de l’univers, des autres, des objets… est au centre  de cette idéologie douteuse. La plupart des personnes qui prétendent utiliser les énergies pour guérir ou qui disent canaliser des esprits angéliques ne savent en fait absolument pas ce qu’elles font. De quelles énergies s’agit-il au juste ? De quelles entités ? Quels effets sur les autres ou sur elles ? Quels pactes sont-elles en train de contracter et avec qui lorsqu’elles utilisent leurs dits « pouvoirs » extrasensoriels ? Il est absolument impossible de répondre si le prétendant n’a pas auparavant embrassé la voie de la connaissance de soi et ne s’est jamais confronté à la réalité occulte de notre monde. Dans la société New-age, c’est l’égo qui va au-devant du pouvoir et non l’âme, comme on se plaît à le penser. L’âme ne cherche pas à subjuguer l’autre, à le transformer ou encore à le faire aller vers la lumière, discours que je n’ai que trop entendu. L’âme n’a aucune soif ni nécessité de pouvoir, et encore moins sur l’autre. Elle est porteuse d’un monde riche de valeurs qui se suffit à lui-même mais que trop peu se décident à rencontrer (réellement) tant il peut paraître austère pour les jouisseurs que nous sommes. Ainsi la liste des pratiques et des grands prophètes du mouvement ne cesse de s’allonger. Cette idéologie s’est parfaitement implantée aux quatre coins de la planète car – et oui ! – elle a d’ores et déjà commencé à gangrener les continents initialement réfractaires comme l’Afrique. Le mouvement New-age a globalement rempli ses objectifs : absorber, digérer et synthétiser les croyances locales, en une pensée unique au jargon de plus en plus caractérisé et identifiable, et en affichant en toute circonstance une attitude auto-satisfaite et résolument positive.

 

Aux origines de ce syncrétisme, nous déterrons les ossements de Madame Blawatski et de sa si célèbre société théosophique. Si theos signifie Dieu ou divinité en grec ancien, notre New-ager contemporain n’a que faire de Dieu puisqu’il se suffit à lui-même. Tantôt « indigo » tantôt de blanc vêtu (couleur universellement admise par le mouvement), mais toujours et inconditionnellement empli de lumière. Cette fameuse lumière qui revient décidément dans toutes les bouches, n’est pas sans rappeler la lux de Lucifer, l’ange déchu porteur de lumière qui se prend pour le seul et unique Dieu. Ce mythe, ce complexe, est la caractéristique de tous les êtres humains qui à travers les époques ont vainement  cherché le pouvoir absolu et l’instauration d’une nouvelle ère. Je citerai parmi les plus célèbres les empereurs romains, Alexandre le Grand, Jules César, Louis XIV, Napoléon et plus proche de nous, Adolphe Hitler. Celui-ci prônait l’édification d’un nouvel empire, une nouvelle terre, une nouvelle race. L’Aryen définissait cette élite aristocratique, l’espèce supérieure qui devait régner pour les siècles à venir. Nous retrouvons les mêmes codes de langage (dans la limite des ressemblances), les mêmes mythes, les mêmes projets de gouvernance mondiale dans la mouvance New-Age.

 

Car l’esprit New-Age est aussi un projet politique ; l’accessoire incontournable du nouvel ordre mondial (que je nomme l’Empire du Serpent Noir) pour abrutir les masses, via cette fameuse intelligentsia cultivée et éminemment parfaite. Par son action médiatique (TV, internet, presse, livres, journaux…), tout individu assoiffé de spiritualité et de vérité, si sincère soit-il, doit périr,  absorbé par ce courant castrateur. Tout esprit de révolte doit être jugulé et anéanti au profit du positivisme absolu, de la joie cosmique et… de la totale impunité politique de ce nouvel ordre mondial. Il paraît évident que le mouvement New-Age n’a strictement rien à voir avec un authentique esprit de recherche. La connaissance de soi ne peut être et ne sera jamais la somme de savoirs, formations, lectures et autres bidouilles, mais le fruit d’un authentique travail de plongée en soi et de découverte de notre monde intérieur. Non, la Connaissance n’est pas la norme de ce mouvement. L’humilité non plus apparemment : je ne compte plus le nombre d’écrits qui donnent le Divin pour acquis à ces bateleurs. Alors que l’initié se bat, affronte ses démons et se dépouille sa vie durant pour accéder à une forme de sainteté, le New-ager n’a qu’à en formuler le souhait. Il est visiblement question de propagande universaliste, d’uniformisation des esprits et de manipulation des masses. Nous sommes bien loin d’un St Jean de la Croix, d’une Thérèse d’Avila, d’un Ramakrishna ou même de Bouddha qui, je le rappelle, a vécu des années d’austérité éprouvante avant d’atteindre l’Éveil.

 

Le Nouvel Age s’octroie l’accès à l’Illumination et à la lumière sans recours aucun à un sérieux travail préalable, il y a droit, un point c’est tout ! L’Ici et maintenant est une exigence violemment vitale pour tout apprenti sorcier. Rappelons les mots d’ordre de ce mouvement : l’acceptation de soi, apprendre à s’aimer, lâcher prise, ne pas juger… Autant d’injonctions évidentes à l’inertie spirituelle (et intellectuelle). Car la spiritualité naît justement de la remise en question de soi, de notre conditionnement personnel et de tout le reste, la non-acceptation est la base de ce mouvement intérieur qui bouscule notre vision consensuelle et tout confort de la vie, et nous dépouille de nos acquis. Ce que le fast-food est à notre nouvelle tendance gastronomique urbaine, le New-age l’est à notre spiritualité moderne, grotesque parodie, vulgaire philosophie de vie du citadin oisif et auto-satisfait. Dés lors, pour être à la hauteur de ce qu’il ambitionne, le New-ager a recours a une arme redoutable : la mythomanie. On ne compte plus le nombre de méthodes scandaleuses surgies ces 30 dernières années qui s’autoproclament thérapies alternatives alors qu’elles ne font que recourir à des techniques de visualisation et d’auto persuasion. Nul besoin d’incarner ce que l’on prétend être, nul besoin de guérir authentiquement, il suffit de s’en convaincre. Lamentable comédie.

 

L’île aux enfants n’est plus ce qu’elle était, un instant de paix et de joyeuse insouciance au milieu de notre terrible réalité politico-économique, l’île aux enfants est devenue une doctrine fascisante, le dictat de la happy attitude, qui compte bien éradiquer tout esprit critique afin de laisser faire nos politiques et les aristocrates de ce monde, les laisser œuvrer en paix à notre place. Alors, mes frères, lâchez prise et goûtez au Prana ici et maintenant, il suffit d’y croire, le monde de la lumière vous donnera toute puissance et bonheur éternel ! Il vous rendra en tous cas assurément aveugles, programmables et influençables à souhait. À cette grotesque vision de la vie je préfère l’esprit critique, la lucidité et l’humilité qu’exige toute démarche authentiquement spirituelle. Car la connaissance de soi et par extenso des forces qui régissent le monde ne se donne qu’à celui ou celle qui a le courage de rejeter autosatisfaction, ainsi que toute idée reçue et tout confort intellectuel etc… Chers amis, je terminerais en ajoutant qu’il est tout à fait honorable de vouloir la paix dans ce monde mais vous connaissez ce vieil adage : « l’enfer est pavé de bonnes intentions », et bien souvent la sagesse populaire vaut bien la sagesse de Maitreya*. Donc, pour les 10 000 ans à venir, soyez heureux mais surtout soyez lucides et gardez les pieds sur terre.

 

Ganji – Iurikan – Iorineka

 

Source : https://www.ganjianankea-therapy.com/



30/04/2018
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