La boussole de l'éveil (2021)
Vous trouverez dans cette rubrique des extraits de mon dernier livre "La boussole de l'éveil" paru en 2021. Pour la présentation générale de ce livre, consulter l'article dédié.
Le Juge-ment
" C’est le choix de juger plutôt que de connaître qui te fait perdre la paix : si tu juges la réalité d’autrui, tu ne pourras pas éviter de juger la tienne." UCM
Selon l'enseignement du Cours en miracles, nous sommes nées d'un rêve de jugement, celui de l'ego croyant s'être séparé de Dieu (de sa source). En effet, quand la " minuscule idée folle" a semblé surgir au sein de la parfaite unité, elle a fabriqué la dualité, et ce fut la naissance du jugement. Celui-ci est toujours basé sur la différenciation: la comparaison, l'acceptation ou le rejet. Ainsi, toute forme perçue au sens large (idée, personne, objet) est immédiatement classée comme "utile ou inutile", "bonne ou mauvaise", "de valeur ou sans valeur", "ayant du sens ou aucun sens". Quant au prétendu jugement religieux ou moral sensé dépasser notre subjectivité, on en connait le résultat.
Il est intéressant de noter que pour le monde de l'ego qui est le notre, le mot jugement reflète lui-même cette dualité et cette ambivalence en fonction du sens employé. Il peut avoir une connotation plutôt positive: on parlera alors de faculté d'appréciation, d'évaluation, de perspicacité, de discernement, de raisonnement (avoir un "bon" jugement"). Il nous aide à croire que nous savons ce qui est le mieux pour nous, voir pour les autres. Mais le jugement comporte également un versant plus sombre et moins valorisant, axé sur la critique négative, l'opinion arbitraire le sentiment subjectif, la médisance. Ainsi, le jugement est une pièce à deux face, mais aucune n'est vraie. "La vision ou le jugement est ton choix, mais jamais les deux à la fois." UCM.
Pour l'approche non-duelle, un jugement ne peut jamais être totalement "juste", quelque soit sa subtilité. Car si quoi que ce soit est jugé " bon", cela implique automatiquement une contrepartie qui est jugée "mauvaise". La nature même de notre esprit égoique-duel fait que nous fonctionnons en mode PERCEPTION au lieu de rester dans la CONNAISSANCE, l'unité. La connaissance voit qu'il n'y a rien à juger car tout est le même. La perception, elle, est une accumulation de filtres dans notre esprit, rendant particulier, spécial et unique le monde à chacun de nous. Ainsi, tout ce qui n'est pas conforme à notre vision est évalué, donc jugé.
" Peu importe que ton jugement soit juste ou faux, dans les 2 cas, tu places ta croyance dans l’irréel, dans le fait que tu peux faire une sélection parmi la réalité." UCM.
Comme l'explique le Cours en miracles, le problème vient à la base de nous juger comme "pêcheurs" car nous croyons avoir "trahi" Dieu en nous séparant de Lui. Notre culpabilité inconsciente est à la fois énorme et insupportable. Nous avons donc accepté la stratégie de l'ego consistant à s'en "débarrasser" en la projetant sur les autres, pour les juger eux-même coupables et donc retrouver à ce prix notre fallacieuse "innocence", et un illusoire répit. Le problème est qu'il n'y a pas "d'autres" et que nous maintenons la culpabilité intacte. Nous ne faisons que continuer à nous juger nous-même. (Voir aussi l'article ultérieure qui sera dédié plus précisément à la projection).
La conséquence de cette stratégie de projection, c'est que nous ne sommes pas conscients que nous jugeons. Ainsi, chaque fois que nous nous trouvons sur la défensive à propos de quelque chose, ou expérimentons une résistance à faire ou à dire quelque chose, ou être avec quelqu'un, il y a une quelconque particularité cachée et jugement que nous ne voulons pas voir. Ainsi, nous devrions éviter de tomber dans le piège de soutenir autour de nous que nous sommes libres de tout jugement uniquement parce que nous avons étudié un Cours en miracles ou tout autre enseignement pendant des années et même des décennies.
La solution à ce problème n'est pas que nous ne devons pas juger, car cela est impossible avant d'avoir atteint un stade avancé. La solution consiste au préalable, à prendre conscience de tous nos jugements, et apprendre à être à l'aise avec eux, alors seulement nous pourrons les dépasser, avec l'aide de notre guide intérieur. Cette étape constitue la plus grande partie du "curriculum" : regarder le fait que nous jugeons tout le temps, sans pour autant se juger "coupable" pour cela (car cela renforcerait encore notre culpabilité au lieu de la diminuer.) Ce processus est très douloureux, surtout dans ses débuts car nous réalisons les montagnes de jugements que nous dissimulions derrière notre "face d'innocence"; surtout quand nous évoluons en société.
Fidèle à la radicalité non-duelle du Cours en miracle, l'enseignant Ken Wapnick est allé très loin dans la nécessité d'une thérapie de choc, au risque de choquer justement ceux qui n'étaient pas prêts à entendre, tant la résistance à la vérité est énorme. Il encourageait les étudiants à s'autoriser à avoir des jugements pour "les faire sortir du bois". Concrètement, cela peut signifier regarder le journal TV et s'autoriser des jugements définitifs sur son contenu. Cela pourrait consister également à rester totalement investi dans son point de vue, à estimer que c'est le seul valable tandis que toutes les personnes en désaccord seraient "dans l'erreur". Bien, sur la clef est de rester parfaitement conscient de ces attitudes.
En matière d'accueil du jugement, je cite Ken qui est particulièrement incisif ici (âmes sensibles s'abstenir) : "Vous feriez beaucoup mieux de commencer par la supposition que vous êtes sans cœur, cruel, une bête sadique, plutôt que de supposer que vous êtes un saint enfant de Dieu qui aime tout le monde. Vous feriez beaucoup, beaucoup mieux de commencer par l'idée que si vous êtes dans ce corps, vous êtes un meurtrier. Non seulement êtes-vous un meurtrier, mais vous avez été un meurtrier, et vous serez toujours un meurtrier, parce que vous aimez avoir raison. Vous aimez exister. Vous aimez être un corps." Evidemment le mot "meurtrier" n'est pas ici à prendre au sens littéral.
Bien sûr, cette sombre description ne concerne pas ce que nous sommes en réalité, mais seulement de ce que nous croyons être au fond de notre inconscient. C'est la croyance "source" à dépasser car nous avons peur de notre innocence, peur de perdre de notre "précieuse" individualité qui nous rend si spécial et particulier. Nous avons peur de l'amour, peur de passer une journée, ou même quelques heures sans juger quelqu'un, car c'est le jugement qui nous maintient dans notre particularité. Il s'agit donc de passer d'un cercle vicieux à un cercle vertueux. A mesure que diminue le besoin de juger, la colère et la culpabilité diminuent également, ainsi que la résistance à se souvenir de Qui nous sommes. Et davantage de paix nous encourage à accélérer encore le processus de libération.
Alain
Source: "La boussole de l'éveil"
Cherches et tu trouveras
Ma période "science et athéisme" m'a ensuite conduit à lire des philosophes, des psychologues, non plus pour m'éclairer sur l'origine du monde, mais sur le sens que l'on pouvait concrètement y trouver, notamment à travers le défi des relations et autres coups du sort. Des auteurs comme Nietzsche et Freud ont constitué pour moi de solides repères pour garder un certain équilibre dans un monde déséquilibré et insensé. Ils m'ont initié à la richesse et la profondeur de l'esprit humain, et m'ont donné quelques clefs pour surmonter de mauvais moments. Mais au fil du temps revenait toujours les mêmes interrogations et l'impression de tourner en rond avec des problèmes de vie insolubles, récurrents. Et toujours cette même question obsédante : pourquoi ? Pourquoi quelque chose plutôt que rien ? Pourquoi la vie sous cette forme ? pourquoi cette souffrance, ce sentiment d'emprisonnement dans cette matrice spatio-temporelle ?
"Cherches et tu trouveras" dis l'adage, alors j'ai cherché encore, dans les bibliothèques, dans la vie, avec d'autres êtres humains assoiffés de savoir comme moi. A l'aube du 21ème siècle, j'ai alors débuté ma période "ésotérique". Je me souviens, elle a commencée lors de l'éclipse solaire totale d'août 1999. Je me suis plongé dans les ouvrages traitant d'astral, de médiumnité, d'énergies subtiles, de chakras, de numérologie, de kabbale, de théosophie, de spiritualité orientale, de karma... etc. Ce fut une accumulation effrénée et passionnante d'idées et de connaissances, amplifiée par l'arrivée d'internet dans ma vie. Je n'ai pas vu tout de suite qu'il s'agissait d'une forme d'évasion, qui ne réglait pas vraiment mes problèmes, mais les occultait sous un savoir livresque de culture alternative. L'utilité concrète de ce savoir était limité sur un plan pratique, mais il m'a permis d'ouvrir davantage mon esprit et d'aiguiser mon esprit critique, ma cohérence. J'ignorais que c'était une forme de préparation à ce qui allait suivre.
La période suivante fut tout aussi brève (quelques années) mais particulièrement intense, notamment sur un plan émotionnel. Je découvrais l'exaltation du monde "new âge", avec ses chanels bavards, son obsession apocalyptique, ses sauveurs inter-galactiques, ses promesses d'une monde idyllique sur le point de survenir, sa cinquième dimension. Autant dire que l'évasion s'était transformée en fuite, avec une dangereuse perte de contact avec le "réel". Mon esprit était alors plus qu'ouvert, il était béat, ou plutôt béant ! La boucle était bouclée, j'étais partie dans la vie avec un Dieu religieux que mon éducation m'avait mis dans les pattes comme presque tout le monde à cette époque: "Nous devons expier pour mériter le paradis". Et j'étais arrivé à un Dieu new-age: "Nous sommes déjà tous Dieu et le paradis sur terre arrive d'un instant à l'autre". On revient donc toujours a Dieu, mais aucune de ces deux croyances "clefs en main" ne sont tenables, surtout si nous les prenons au pied de la lettre.
Non seulement le paradis n'est jamais arrivé sur terre, mais à l'heure ou j'écris ces lignes, courant 2020, nous nous en sommes plutôt éloigné. A l'époque, une épreuve personnelle a mis fin à ma période "new-âge" et m'a ramené à la raison, a fait table rase de toutes mes illusions au prix de sombres et déprimantes heures de remises en questions. Heureusement, comme pour chaque période j'ai appris quelque chose. J'ai pris conscience du pouvoir de l'esprit, du pouvoir des croyances, du pouvoir créateur des émotions (pour le meilleur et pour le pire). Par dessus-tout, j'ai réalisé que ma responsabilité était totale, non pas forcément dans ce qui m'arrivait dans la vie, mais dans la façon de le vivre intérieurement. J'étais prêt à un nouveau départ, à une nouvelle voie, encore... Mais cette fois elle était radicalement différente des précédentes et je ne l'ai plus quitté: j'avais trouvé enfin ma voie, celle de la verticalité, de la transcendance, après avoir écumé d'innombrables idées classiques dans toutes leur horizontalité.
Alain "La boussole de l'éveil" - Extrait du chapitre 6: "Une vie en quête de sens"
La perception selon l'approche PNL
Parmi les présupposés qui fondent la PNL, il en existent trois qui sont directement liés à la perception. La première est la plus connue, et sans doute la plus évidente : "La carte n'est pas le territoire." Elle est peut être comprise dans un sens littéral pour signifier que toute représentation de la "réalité", aussi précise soit-elle, ne constituera jamais la réalité elle-même. Notons toutefois qu'avec les dernières technologies comme la réalité augmentée, ou immersion dans un monde virtuel, la frontière s'amincit entre ce qui est supposé réel et ce qui ne l'est pas. Mais au fond, l'un est-il plus réel que l'autre ? Nous verrons que cette certitude sera remise en cause plus loin. Dans un sens plus opérationnel de la PNL, ce présupposé indique que nous n'opérons pas directement sur la réalité objective. Chacun de nous construit sa propre vision du monde qui diffère d'une personne à l'autre ce qui induit des pensées et des comportements différents.
Le second présupposé rappelle que "Les êtres humains sont toujours plus complexes que les théories qui les décrivent". C'est un aveu d'humilité devant la tentation de modéliser complètement nos pensées et nos comportements. Nous ne pouvons être réduit à une ou plusieurs théories, dans l'état de nos connaissances en tout cas. Certaines théories ou modèles peuvent nous aider à mieux nous comprendre, mais ne nous définissent pas, malgré la tentation de nous assimiler parfois à des machines, Certes, nous sommes souvent très prévisibles en tant que personnalité, mais notre réelle identité se réduit-elle à notre personnalité? Comme nous le verrons, la non-dualité nous suggère que ce n'est pas le cas.
Enfin, le troisième présupposé est le plus riche mais aussi le plus complexe à assimiler. "Le cadre dans lequel une situation est perçue détermine le sens qu'on lui accorde". Il nécessite d'abord de bien savoir différencier une situation (une action, un évènement, une parole..) et son contexte (ou, quand, comment, avec qui...). Selon le cadre dans le lequel est évalué cette situation, nous la verrons sous des angles différents et lui attribuerons donc un sens différent. Si par exemple je me retrouve au chômage demain, je le percevrais comme un drame si je me focalise sur l'insécurité apporté, la perte de mes repères. Mais je pourrais aussi le voir comme une opportunité de changer de carrière, et peut-être davantage m'épanouir dans un emploi mieux adapté à ma personnalité.
La PNL ne s'oppose pas à la vision classique de la perception, mais elle en clarifie la compréhension et la portée pratique. Elle la codifie pour mieux l'utiliser à des fins théoriques et simplifier les protocoles de soin. Ainsi, les cinq sens sont renommés "VAKOG". Visuel, Auditif, Kinesthésique (pour le toucher, la sensation), Olfactif, et Gustatif. La PNL met en évidence le fait que chacun de nous privilégie certains sens au détriments des autres, ce qui contribue à une élaboration "hautement personnalisée" de notre carte du monde. Ces préférences de nos systèmes de représentation sensoriels sont révélées à travers notre langage et les mots que nous utilisons. L'un des outils de la PNL permet de détecter ces mots révélateurs (les prédicats) pour mieux adapter sa communication au modèle du monde de l'autre et mieux le comprendre. Par exemple le Visuel dira "Je vois ce que vous voulez dire", l'auditif dira "j'entends ce que vous me dite", et le kinesthésique dira " je sens bien de quoi il est question". Malgré les apparences, il s'agit plus que de simples nuances de langage, car elles révèlent des processus internes différents.
Pour résumer, l'approche PNL de la perception ne remet pas fondamentalement en cause les définitions classiques mais elle l'analyse en profondeur à travers toute sa diversité et la classe selon une nomenclature, pour en faire l'usage le plus rationnel possible. Il s'agit toujours en PNL d'optimiser notre fonctionnement. L'enjeu est particulièrement important dans les relations, la communication consciente, la connaissance de soi et des autres. Comprendre que notre perception, notre modèle du monde est unique, et ne constitue qu'une vision parmi toutes les autres, ni plus légitime, ni moins légitime, est une invitation à l'humilité et la tolérance. Cette approche maitrisée est une marche d'escalier importante qui rendra moins ardue l'approche non-duelle de la perception, que nous développerons dans la 2ème partie de ce livre. En effet, nous admettons que l'autre n'est pas si différent que nous en profondeur, il joue simplement "une autre partition" avec d'autres "instruments". Dans la phrase précédente par exemple, j'ai utilisé le canal auditif.
Alain - "La boussole de l'éveil" - Extrait du chapitre 4: La perception du monde
La pyramide de Maslow
Intéressons-nous un instant à la pyramide de Maslow, un grand classique du développement personnel. Elle est bien utile pour classer les préoccupations humaines en fonction de leur nature et leurs fonctions, ici en 5 niveaux. Les niveaux 1 et 2 parlent des besoins de base: se nourrir, trouver un toit, procréer, accéder à la santé physique et mentale: c'est la préoccupation principale de la plupart des êtres humains. Les niveaux 3, 4 et 5 évoquent l'accomplissement en tant que personnalité humaine au sein de la société: c'est une des caractéristiques essentielles du développement personnel. Le terme "accomplissement" est vague, et au sommet de la pyramide, il pourrait s'agir d'accomplissement philosophique, politique, moral ou encore spirituel dans son sens classique, religieux. Dans ce référentiel, la non-dualité se situerait au delà et en dehors de la pyramide de Maslow puisque tous les besoins dont il est question ici concerne le corps et l'égo. Notons aussi l'impossibilité de combler tous ces besoins simultanément et de façon durable, ce qui peut déjà conduire a remettre en question le modèle.
Il est important de souligner que chaque niveau n'est pas exclusif des autres. Il ne s'agit pas d'un jeu vidéo ou l'on doit monter d'un niveau à l'autre en quittant le précédent, mais d'un empilement de niveaux de besoins de plus en plus subtils. Une fois arrivé au sommet du dernier niveau, on rejoint le type d'alternative déjà évoqué dans la pyramide des niveaux logiques: Transcender cette organisation pyramidale ou rester en son sein et chercher l'accomplissement "humain" dans les limites classiques socialement acceptées. Ces limites comprennent la religion qui n'a rien a voir avec la spiritualité non-duelle. Notons aussi que la progression n'est pas linéaire au sein de la pyramide: Des aller-retours entre niveaux sont fréquents quand les besoins inférieurs ne sont pas complètement stabilisés. Par exemple, un individu lancé dans une démarche de développement personnel reviendra peut-être temporairement à des préoccupations plus élémentaires de survie s'il perd son emploi.
Imaginons à présent le cas d'une personne en quête de bonheur et qui s'est accomplie dans tous les niveaux de la pyramide: Elle est saine de corps et d'esprit et en bonne santé. Elle a trouvé un emploi stable plutôt agréable et bien rémunéré. Elle se sent reconnue et estimée pour la qualité de son travail. Elle s'est mariée (ou pas) et a fait des enfants (ou pas) mais connait une relation sentimentale stable et épanouie. Elle a suivie un coaching ou une thérapie pour surmonter quelques phobies et complexes, elle s'entend bien avec sa famille, ses collègues de travail, et ses nombreux amis. Elle a une bonne estime d'elle-même car elle pense avoir "réussie" sa vie grâce à son travail et ses capacités. Elle profite bien sur de différents hobbys et loisirs pour se détendre (sport, culture, gastronomie, passe-temps., sorties... ect). Voila un portrait idyllique qui pourrait déjà sembler enviable à bien des terriens, et dans cette situation, quel pourrait être le niveau d'accomplissement supérieur ? C'est une donnée trop intime pour donner lieu à des généralités.
Dans la vraie vie, cette situation rêvée est utopique et la véritable joie ne dure rarement davantage que le temps d'un clin d'oeil à l'échelle d'une vie. Et pour rattraper les miettes de bonheur perdues, c'est une course folle pour le toujours plus, le toujours différent, le toujours mieux, le toujours plus technologique, le toujours plus actif, le toujours plus beau... car il nous manquera toujours quelqu'un ou quelque chose. Le plus souvent, quand nous parvenons à réussir dans un domaine, un autre se délite. C'est comme les boutons de radio d'antan ; quand on appuie sur l'un deux, un autre ressort à coté: lorsque l'on résout un problème, un autre surgit. Toute personne lucide peut faire ce constat que le monde spatio-temporel ne peut nous combler durablement, même si nous avons rempli presque tous les besoins de la pyramide de Maslow. Mais la plupart des gens demeurent dans le double déni de l'ego: ils font semblant d'être heureux et dénient être dans le déni.
Nous verrons dans le chapitre dédié à l'égo que c'est un système de pensée dualiste qui sous-tend l'ensemble des expériences humaines, y compris le décor dans lequel elles se déroulent (la terre, le ciel, la nature, l'univers...). Ce logiciel égotique est si bien implanté en nous depuis toujours qu'il nous parait naturel et sans alternatives possibles. Tout le travail suggéré par la non-dualité transcendante consiste à identifier et connaitre intimement ce logiciel qui nous pilote à notre insu, puis le remplacer progressivement par un logiciel plus fonctionnel afin évoluer dans la matrice du monde plus paisiblement. Il finira lui même par s'auto-désinstaller après qu'il est été vu que notre véritable nature était au delà de tout programme, de toute limitation, de toute incarnation, de tout conflit. L'un des principes fondamental de la non-dualité est celui-ci: On n'éveille pas notre esprit, On laisse enlever de notre vie (et de notre perception) les obstacles nous occultant la vision de notre véritable nature déjà éveillée de toute éternité...
Alain
"La boussole de l'éveil" (Thebookeditions). Extrait du chapitre 4 : Du développement personnel à l'éveil impersonnel.
Les croyances, pilotes de notre réalité
Les croyances représentent donc un sujet crucial qu'il vaut mieux bien comprendre dans la quête du bien être et de l'éveil non-duel car il donne lieu à beaucoup de résistance. En effet, les croyances sont à la fois difficiles à cerner, à conscientiser et plus encore à changer. Par définition, une croyance est une pensée, consciente ou non, qui expérimente comme vraie une supposition, une hypothèse, indépendamment de la réalité, c'est à dire des faits, ou de l'absence de faits, qui confirment ou infirment cette supposition. Ainsi, les croyances ne sont pas la vérité mais le plus souvent des certitudes que nous pensons être la vérité pour nous. Alors pourquoi devrions-nous remettre en cause ce que nous pensons être vrai ? C'est le grand défi des croyances : Détecter celles qui nous limitent, nous nuisent puis les changer si nécessaire et conserver, nourrir celles qui nous soutiennent. Ainsi, le critère de l'utilité est plus pertinent que celui de la vérité pour nos croyances.
Pour le dire encore plus simplement, les croyances sont des affirmations personnelles que nous pensons vraies, à propos de ce que nous percevons de nous-même, des autres, et du monde. Ainsi, les croyances sont des opinions que nous formons à partir de nos expériences de la réalité, à travers les mécanismes de filtrage dont nous avons déjà parlé (sélection, distorsion et généralisation). Les croyances agissent comme des filtres mentaux qui déterminent ce que nous acceptons comme vrai ou pas dans notre esprit. Et selon le système de pensée que nous adoptons, nous conduisons notre vie en conséquence, en fonction de notre carte du monde (cf Chapitre2). Celle-ci est hautement personnelle et notre ego en tire une grande fierté. D'ailleurs, les gourous du développement personnel adorent répéter à leurs clients qu'ils sont « merveilleusement uniques » , mais cela les rendent-ils vraiment plus heureux ?
C'est la relative stabilité des croyances qui induit une certaine stabilité dans la perception de notre monde et donc une certaine stabilité des types d'expériences que nous avons au sens large, qu'elles soient physiques, émotionnelles ou mentales. Cette stabilité est obtenue par un cercle d'auto-renforcement des croyances : Ce que nous voyons, nous le croyons, et si nous le croyons, nous allons filtrer, avec notre carte du monde, les idées et les situations qui viennent conforter et renforcer ces croyances. Ainsi, nous aurons tendance à revoir les mêmes schémas, et les croire davantage encore. Notons alors dès à présent que pour changer une croyance que nous avons évaluée comme pénalisante ou limitante, nous sommes parfois obligés de remettre en cause ce que nous semblons percevoir à travers cette croyance. Celui qui comme Saint Thomas ne croit que ce qu'il voit ne changera jamais de croyances. Il existe une relation de cause à effet étroite entre croyance et perception.
Il faut ici faire une distinction en vue de la prochaine partie de ce livre consacrée à la pensée non-duelle, entre les croyances « fonctionnelles » et les croyances « métaphysiques ». les premières règlent notre vie de tous les jours dans un monde cartésien qui n'est jamais remis en question dans les systèmes philosophiques classiques. C'est le décor, la scène de théâtre inamovible nécessaire au jeu de la vie. On peut en faire une nomenclature avec la pyramide des niveaux logiques. Les secondes, par contre, remettent en cause la nature même de notre identité profonde, et la nature de l'univers lui-même : C'est à dire le fait que je sois un individu séparé des autres évoluant dans un espace-temps à trois dimensions considéré comme réel et définitif. Ces croyances se situent donc au-delà de la pyramide des niveaux logiques (cf. chapitre 3) puisqu'elles définissent ce qui en est le sommet : notre identité « officielle », puis par répercussion tout ce qui se trouve "en dessous".
Alain
Extrait du chapitre 5 : "Croyances et valeurs" - La boussole de l'éveil (2021).