INTEGRAAL-concept

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Articles divers ( sources externes)

Articles, textes ou documents sans lien direct et évident avec la non-dualité, mais sélectionnés en raison de leur intérêt et pertinence


Nettoyage et changement vibratoire par Indigo Tarot

Encore une analyse intéressante de Véronique alias "Indigo tarot", ma "médium" préférée.  Je ne suis pas toujours attiré par les sujets traités  (notamment quand il s'agit de peoples ou de faits divers), mais dans des cas comme celui-ci, j'apprécie sa pertinence et sa hauteur de vision. Les "voyantes-médium" sont nombreuses sur le net, mais comme je l'avais déjà affirmé l'an dernier, Véronique est selon moi nettement au dessus du lot et la seule que je suis régulièrement.  Cette vidéo publiée le 17 mai dernier date un peu mais reste toujours valable, notamment par son analyse de fond. Elle traite de la fatigue, pour ne pas dire la lassitude ressentie par beaucoup d'entre-nous en cette période très troublée.  Alain

 

 

 


02/06/2024
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C'est confirmé, nous vivons dans une simulation !

Un article scientifique un peu ardu à suivre, d'autant plus que la traduction essentiellement automatique que j'en ai faite peut induire des ambiguités. Son approche "froide", hyper rationnelle, mathématique, et dénuée de toute théologie ne manque  pas d'intérêt. A défaut de tout comprendre, j'en retiens que le modèle proposé n'est pas sans rappeler le symbolisme de la "matrice", mais aussi celui d'un monde "déjà terminé mais revisionné depuis la fin des temps", idée chère au Cours en miracle. De même, une simulation n'est pas la réalité, c'est une illusion de la réalité et l'enseignement non-duel ne dit pas autre chose. Si un informaticien expérimenté lit cet article, je serais curieux de savoir ce qu'il pense des arguments avancés. La séduisante théorie de la simulation expliquerait le comment, mais pas vraiment le pourquoi. Qui "complote" contre nous ?  ;-) C'est là qu'il faut se tourner vers d'autres voies comme la métaphysique et la spiritualité, mais pas seulement...  Alain

 

 

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"Il ne faut pas oublier ce qu'est réellement l'hypothèse de simulation. C'est la théorie du complot par excellence. La mère de toutes les théories du complot, celle qui dit que tout, à l'exception de rien, est faux et un complot conçu pour tromper nos sens". (extrait)

 

 

Depuis que le philosophe Nick Bostrom a proposé dans le Philosophical Quarterly que l'univers et tout ce qu'il contient pourrait être une simulation, il y a eu d'intenses spéculations et débats publics sur la nature de la réalité. Des intellectuels publics tels que le leader de Tesla et le prolifique taon de Twitter, Elon Musk, ont émis l'opinion que l'inévitabilité statistique de notre monde n'est rien de plus qu'un code vert en cascade. Des articles récents se sont appuyés sur l'hypothèse originale pour affiner davantage les limites statistiques de l'hypothèse, arguant que la chance que nous vivons dans une simulation peut être de 50 %.

 

Ces affirmations ont reçu une certaine crédibilité grâce à la répétition par des sommités non moins estimées que Neil de Grasse Tyson, le directeur du Hayden Planetarium et le vulgarisateur scientifique préféré des États-Unis. Pourtant, il y a eu des sceptiques. Le physicien Frank Wilczek a soutenu qu'il y a trop de complexité gaspillée dans notre univers pour qu'il soit simulé. La complexité de la construction demande de l'énergie et du temps. Pourquoi un concepteur conscient et intelligent des réalités gaspillerait-il tant de ressources pour rendre notre monde plus complexe qu'il ne devrait l'être ? C'est une question hypothétique, mais qui peut quand même être nécessaire. D'autres, comme la physicienne et communicatrice scientifique Sabine Hossenfelder, ont fait valoir que la question n'est de toute façon pas scientifique. Étant donné que l'hypothèse de simulation n'arrive pas à une prédiction falsifiable, nous ne pouvons pas vraiment la tester ou la réfuter, et donc cela ne vaut pas la peine d'être sérieusement étudiée.

 

Cependant, toutes ces discussions et études de l'hypothèse de simulation ont, je crois, manqué un élément clé de la recherche scientifique : l'évaluation empirique et la collecte de données. Pour comprendre si nous vivons dans une simulation, nous devons commencer par examiner le fait que nous avons déjà des ordinateurs exécutant toutes sortes de simulations pour des « intelligences » ou des algorithmes de niveau inférieur. Pour une visualisation facile, nous pouvons imaginer ces intelligences comme n'importe quel personnage non personnel dans n'importe quel jeu vidéo auquel nous jouons, mais essentiellement tout algorithme fonctionnant sur n'importe quelle machine informatique serait admissible à notre expérience de pensée. Nous n'avons pas besoin de l'intelligence pour être conscients, et nous n'avons même pas besoin qu'elle soit très complexe, car les preuves que nous recherchons sont "expérimentées" par tous les programmes informatiques, simples ou complexes, exécutés sur toutes les machines, lents ou rapide.

 

Tout matériel informatique laisse un artefact de son existence dans le monde de la simulation qu'il exécute. Cet artefact est la vitesse du processeur. Si pour un instant nous imaginons que nous sommes un logiciel fonctionnant sur une machine informatique, le seul et inévitable artefact du matériel qui nous supporte, dans notre monde, serait la vitesse du processeur. Toutes les autres lois que nous connaîtrions seraient les lois de la simulation ou du logiciel dont nous faisons partie. Si nous étions un Sim ou un personnage de Grand Theft Auto (NT : jeu vidéo), ce seraient les lois du jeu. Mais tout ce que nous faisons serait également limité par la vitesse du processeur, quelles que soient les lois du jeu. Aussi complète que soit la simulation, la vitesse du processeur interviendrait dans les opérations de la simulation.

 

Dans les systèmes informatiques, bien sûr, cette intervention de la vitesse de traitement dans le monde de l'algorithme en cours d'exécution se produit même au niveau le plus fondamental. Même au niveau le plus fondamental des opérations simples telles que l'addition ou la soustraction, la vitesse de traitement dicte une réalité physique à l'opération qui est détachée de la réalité simulée de l'opération elle-même.

 

Voici un exemple simple. Un processeur 64 bits effectuerait une soustraction entre, disons, 7 862 345 et 6 347 111 dans le même temps qu'il faudrait pour effectuer une soustraction entre deux et un (étant entendu que tous les nombres sont définis comme le même type de variable). Dans la réalité simulée, sept millions est un très grand nombre, et un est un nombre relativement très petit. Dans le monde physique du processeur, la différence d'échelle entre ces deux nombres n'a pas d'importance. Les deux soustractions dans notre exemple constituent une opération et prendraient le même temps. Ici, nous pouvons maintenant voir clairement la différence entre un monde "simulé" ou abstrait de mathématiques programmées et un monde "réel" ou physique d'opérations de microprocesseur.

 

 


https://youtu.be/t2gvNrbTjwk

 

Dans le monde abstrait des mathématiques programmées, la vitesse de traitement des opérations par seconde sera observée, ressentie, expérimentée, notée comme un artefact de la machinerie informatique physique sous-jacente. Cet artefact apparaîtra comme un composant supplémentaire de toute opération qui n'est pas affectée par l'opération dans la réalité simulée. La valeur de cette composante supplémentaire de l'opération serait simplement définie comme le temps nécessaire pour effectuer une opération sur des variables jusqu'à une limite maximale qui est la taille du conteneur de mémoire pour la variable. Ainsi, dans un ordinateur huit bits, par exemple pour simplifier à l'extrême, ce serait 256. La valeur de ce composant supplémentaire sera la même pour tous les nombres jusqu'à la limite maximale. Le composant matériel supplémentaire ne sera donc pas pertinent pour toute opération dans la zone simulée sauf lorsqu'il est découvert comme la taille maximale du conteneur. L'observateur au sein de la simulation n'a pas de cadre pour quantifier la vitesse du processeur sauf lorsqu'elle se présente comme une limite supérieure.

 

Si nous vivons dans une simulation, alors notre univers devrait également avoir un tel artefact. Nous pouvons maintenant commencer à articuler certaines propriétés de cet artefact qui nous aideraient dans notre recherche d'un tel artefact dans notre univers.

 

*L'artefact est un composant supplémentaire de chaque opération qui n'est pas affecté par l'ampleur des variables sur lesquelles il est opéré et qui n'est pas pertinent dans la réalité simulée jusqu'à ce qu'une taille variable maximale soit observée.

*L'artefact se présente dans le monde simulé comme une limite supérieure.

*L'artefact ne peut pas être expliqué par les lois mécanistes sous-jacentes de l'univers simulé. Il doit être accepté comme une hypothèse ou "donné" dans les lois de fonctionnement de l'univers simulé.

*L'effet de l'artefact ou de l'anomalie est absolu. Aucune exception.

 

Maintenant que nous avons quelques caractéristiques déterminantes de l'artefact, bien sûr, il devient clair ce que l'artefact se manifeste dans notre univers. L'artefact se manifeste par la vitesse de la lumière.

 

L'espace est à notre univers ce que les nombres sont à la réalité simulée dans n'importe quel ordinateur. La matière se déplaçant dans l'espace peut simplement être considérée comme des opérations se déroulant sur l'espace variable. Si la matière se déplace disons à 1 000 milles par seconde, alors 1 000 milles d'espace sont transformés par une fonction ou exploités à chaque seconde. S'il y avait un matériel exécutant la simulation appelée « espace » dont la matière, l'énergie, vous, moi, tout est une partie, alors un signe révélateur de l'artefact du matériel dans « l'espace » de réalité simulée serait une limite maximale sur la taille du conteneur pour l'espace sur lequel une opération peut être effectuée. Une telle limite apparaîtrait dans notre univers comme une vitesse maximale.

 

Cette vitesse maximale est la vitesse de la lumière. Nous ne savons pas quel matériel exécute la simulation de notre univers ni quelles sont ses propriétés, mais une chose que nous pouvons dire maintenant est que la taille du conteneur de mémoire pour l'espace variable serait d'environ 300 000 kilomètres si le processeur effectuait une opération par seconde.

 

Cela nous aide à arriver à une observation intéressante sur la nature de l'espace dans notre univers. Si nous sommes dans une simulation, comme il apparaît, alors l'espace est une propriété abstraite écrite en code. Ce n'est pas réel. C'est analogue aux nombres sept millions et un dans notre exemple, juste des représentations abstraites différentes sur le même bloc de mémoire de taille. Haut, bas, avant, arrière, 10 milles, un million de milles, ce ne sont que des symboles. La vitesse de tout ce qui se déplace dans l'espace (et donc change d'espace ou effectue une opération sur l'espace) représente l'étendue de l'impact causal de toute opération sur la variable "espace". Cet impact causal ne peut pas s'étendre au-delà d'environ 300 000 km étant donné que l'ordinateur de l'univers effectue une opération par seconde.

 

Nous pouvons voir maintenant que la vitesse de la lumière répond à tous les critères d'un artefact matériel identifié dans notre observation de nos propres constructions d'ordinateurs. Il reste le même quelle que soit la vitesse (simulée) de l'observateur, il est observé comme une limite maximale, il est inexplicable par la physique de l'univers et il est absolu. La vitesse de la lumière est un artefact matériel montrant que nous vivons dans un univers simulé.

 

Mais ce n'est pas la seule indication que nous vivons dans une simulation. Peut-être que l'indication la plus pertinente s'est cachée sous nos yeux. Ou plutôt derrière eux. Pour comprendre ce qu'est cette indication critique, nous devons revenir à notre étude empirique des simulations que nous connaissons. Imaginez un personnage dans un jeu de rôle (RPG), disons un Sim ou le personnage du joueur dans Grand Theft Auto. L'algorithme qui représente le personnage et l'algorithme qui représente l'environnement de jeu dans lequel le personnage évolue sont étroitement liés à de nombreux niveaux. Mais même si nous supposons que le personnage et l'environnement sont séparés, le personnage n'a pas besoin d'une projection visuelle de son point de vue pour interagir avec l'environnement.

 

Les algorithmes prennent en compte certaines des variables environnementales et certaines des variables d'état du personnage pour projeter et déterminer le comportement de l'environnement et du personnage. La projection visuelle ou ce que nous voyons sur l'écran est à notre avantage. Il s'agit d'une projection subjective de certaines des variables du programme afin que nous puissions ressentir la sensation d'être dans le jeu. La projection audiovisuelle du jeu est une interface subjective intégrée à notre profit, essentiellement quelqu'un contrôlant la simulation. L'interface subjective intégrée n'a d'autre raison d'exister que de nous servir. Une expérience de pensée similaire peut être menée avec des films. Les films vont souvent dans le point de vue des personnages et essaient de nous montrer les choses de leur point de vue. Que ce soit ou non une scène de film particulière fait cela ou non, ce qui est projeté sur l'écran et les haut-parleurs - l'expérience intégrée du film - n'a aucun but pour les personnages du film. C'est entièrement à notre avantage.

 

Pratiquement depuis l'aube de la philosophie, nous posons la question : Pourquoi avons-nous besoin de la conscience ? A quoi est-ce que ça sert? Eh bien, le but est facile à extrapoler une fois que nous admettons l'hypothèse de simulation. La conscience est une interface subjective intégrée (combinant cinq sens) entre le soi et le reste de l'univers. La seule explication raisonnable de son existence est qu'elle est là pour être une « expérience ». C'est sa première raison d'être. Certaines parties de celui-ci peuvent ou non fournir un quelconque avantage évolutif ou autre utilité. Mais la somme totale de celui-ci existe en tant qu'expérience et doit donc avoir la fonction première d'être une expérience. Une expérience en elle-même dans son ensemble est trop coûteuse en énergie et trop restrictive en informations pour avoir évolué comme un avantage évolutif. L'explication la plus simple de l'existence d'une expérience ou qualia (?) est qu'elle existe dans le but d'être une expérience.

 

Il n'y a rien dans la philosophie ou la science, aucun postulat, théorie ou loi, qui prédirait l'émergence de cette expérience que nous appelons la conscience. Les lois naturelles n'exigent pas son existence, et il ne semble certainement pas nous offrir d'avantages évolutifs. Il ne peut y avoir que deux explications à son existence. Premièrement, il y a des forces évolutives à l'œuvre que nous ne connaissons pas ou que nous n'avons pas encore théorisées et qui sélectionnent l'émergence de l'expérience appelée conscience. La seconde est que l'expérience est une fonction que nous servons, un produit que nous créons, une expérience que nous générons en tant qu'êtres humains. Pour qui créons-nous ce produit ? Comment reçoivent-ils la sortie des algorithmes générateurs de qualia que nous sommes ? Nous ne savons pas. Mais une chose est sûre, nous le créons. Nous savons que cela existe. C'est la seule chose dont nous pouvons être certains. Et que nous n'avons pas de théorie dominante pour expliquer pourquoi nous en avons besoin.

 

Nous générons donc ici ce produit appelé conscience dont nous n'avons apparemment aucune utilité, qui est une expérience et qui doit donc servir d'expérience. La seule prochaine étape logique est de supposer que ce produit sert à quelqu'un d'autre.

 

Maintenant, une critique qui peut être formulée à propos de cette ligne de pensée est que, contrairement aux personnages de RPG, disons. Grand Theft Auto, nous expérimentons nous-mêmes les "qualia". S'il s'agit d'un produit pour quelqu'un d'autre, pourquoi en faisons-nous l'expérience ? Eh bien, le fait est que les personnages de Grand Theft Auto connaissent également une partie des qualités de leur existence. L'expérience des personnages est très différente de l'expérience du joueur du jeu, mais entre le personnage vide et le joueur, il y a une zone grise où des parties du joueur et des parties du personnage se combinent à un certain type de conscience.

 

Les joueurs ressentent certaines des déceptions et des joies qui sont conçues pour le personnage. Le personnage subit les conséquences du comportement du joueur. C'est une connexion très rudimentaire entre le joueur et le personnage, mais déjà avec les dispositifs de réalité virtuelle on voit les frontières s'estomper. Lorsque nous montons sur des montagnes russes en tant que personnage, par exemple dans l'appareil Oculus VR, nous ressentons la gravité.

 

D'où vient cette gravité ? Il existe quelque part dans l'espace entre le personnage qui monte sur les montagnes russes et nos esprits occupant « l'esprit » du personnage. On peut certainement imaginer qu'à l'avenir cet espace intermédiaire serait plus large. Il est certainement possible qu'à mesure que nous expérimentons le monde et générons des "qualia", nous expérimentons nous-mêmes une infime partie des "qualia", alors qu'une version plus riche en informations des "qualia" est peut-être projetée sur un autre esprit au profit duquel l'expérience de la conscience a vu le jour pour la première fois.

 

Donc, voilà. L'explication la plus simple de l'existence de la conscience est qu'il s'agit d'une expérience créée par notre corps, mais pas pour nous. Nous sommes des machines génératrices de qualia. Comme les personnages de Grand Theft Auto, nous existons pour créer des sorties audiovisuelles intégrées. De plus, comme pour les personnages de Grand Theft Auto, notre produit est probablement destiné à quelqu'un qui vit notre vie à travers nous. (l’esprit décideur ? )

 

Quelles sont les implications de cette découverte monumentale ? Eh bien, tout d'abord, nous ne pouvons plus interroger Elon Musk. Déjà. Deuxièmement, il ne faut pas oublier ce qu'est réellement l'hypothèse de simulation. C'est la théorie du complot par excellence. La mère de toutes les théories du complot, celle qui dit que tout, à l'exception de rien, est faux et un complot conçu pour tromper nos sens. Toutes nos pires craintes concernant des forces puissantes en jeu contrôlant nos vies à notre insu sont maintenant devenues réalité. Et pourtant cette impuissance absolue, cette supercherie parfaite ne nous offre aucune issue dans sa révélation. Tout ce que nous pouvons faire, c'est accepter la réalité de la simulation et en faire ce que nous pouvons. Ici, sur terre. En cette vie

 

Source:

https://www.scientificamerican.com/article/confirmed-we-live-in-a-simulation/


30/09/2022
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THE OA

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Le coup de coeur ciné du printemps dernier...

 

 

Qui est Brit Marling, l'héroïne et créatrice de "The OA", la nouvelle série de Netflix ? Un ange venu nous sauver, comme le prétend son personnage, ou l'incarnation d'une nouvelle génération du cinéma américain ? Son plus grand fan français, l'écrivain philosophe Tristan Garcia, nous la présente.

 

Pour comprendre The OA, il faut accepter de suivre Brit Marling et pour la suivre, il faut se montrer attentif à sa chevelure. Du début à la fin de la série, ses longs cheveux blonds ondulés ne cessent de varier, attachés, libres, noués en une tresse à la russe, souvent négligés, toujours clairs et abondants, ils expriment systématiquement l'état d'esprit du personnage : anxieuse, dépressive, exaltée... Sa chevelure, c'est son âme visible. Elle la porte comme une sorte d'auréole changeante. "Je n'y avais jamais pensé, répond Brit Marling quand on le lui fait remarquer, mais c'est vrai que j'en ai joué dès mon plus jeune âge, pour m'inventer des rôles." Au téléphone, on ne peut pas voir comment elle s'est coiffée, donc elle essaie de nous décrire ses cheveux du moment : à la fois franche, drôle et timide, elle est toujours prête à poursuivre la conversation hors des limites imposées par l'exercice de la promotion.

 

Brit Marling a composé un personnage étonnant, à travers une poignée de films, si sincère qu'on finit par le confondre avec elle. Cet être chimérique, mi-actrice mi-personnage, et qui se reconnaît à sa blondeur tourmentée, on l'appellera "Brit". Brit aurait pu mener une carrière hollywoodienne à la fois prestigieuse et banale, mais elle est l'une des rares actrices à ne pas réclamer le désir : elle cherche plutôt à fasciner. A tâtons, depuis quelques années, elle essaie donc d'inventer une nouvelle figure, lunaire et "auratique" : une jeune femme charismatique, qui joue souvent les gourous, qui essaie désespérément de ne pas plaire suivant les codes en usage du glam et du charme. "On demande aux femmes de séduire. Moi, j'aimerais qu'on me suive." Elle voudrait nous emmener comme un Orphée inversé, sur les pas d'une Eurydice vaguement hippie. Mais on lui demande d'abord d'où elle vient.

Une enfant qui avait déjà quelque chose d'adulte

Née en 1983, Brit Marling a visiblement été, tels certains adultes qui ont gardé quelque chose d'enfantin, une enfant qui avait déjà quelque chose d'adulte. Issue d'un milieu aisé, excellente élève, douée pour les études et pour la danse, elle a obtenu un diplôme de sciences politiques et économiques, qui l'a conduite sans même y songer au seuil de la banque Goldman Sachs, qu'elle était sur le point d'intégrer.

 

Il semble que, refusant son premier destin de femme d'affaires, elle ait quitté ces milieux pour espérer devenir actrice. "J'aimais jouer, mais je ne voulais pas être dominée par la vision de quelqu'un d'autre." Et la carrière d'actrice qui lui était promise, si elle y mettait toute "l'ambition carnassière" nécessaire, la tourmentait. "J'ai beaucoup réfléchi au narcissisme qu'on attend des jeunes filles", le narcissisme de celle que tout le monde regarde et désire, qui se regarde et se désire elle-même, ne satisfaisait pas son espoir enfantin : "Je voulais raconter le monde et réconcilier les gens."

Une première apparition discrète

Quelques spectateurs attentifs l'ont identifiée pour la première fois dans le discret Another Earth (de Mike Cahill, 2011). "Le film a été fait par une petite douzaine de personnes, sans moyens." Son esthétique ne se démarque guère du tout-venant des films américains indépendants. Brit y incarne une jeune femme sur les épaules de laquelle pèse une culpabilité à la fois tragique et absurde : une nuit, distraite par l'apparition d'une seconde lune dans le ciel, elle a percuté une voiture et tué la famille d'un inconnu.

 

On retrouve Brit dans une situation qui lui deviendra familière : adulte déresponsabilisée, elle vit chez ses parents, les cheveux en désordre, le visage triste et morne d'une fille qui traverse d'un air comateux l'existence ordinaire. Un jour, pourtant, elle décide d'aller sonner chez l'homme dont elle a ruiné la vie. Espérant l'impossible (un "pardon cosmique"), elle commence à trouver son style et son sens d'un monde qu'elle qualifie de "tranquillement fantastique", mais il lui manque sa vocation : elle ne s'est pas encore découverte mystique. "J'ai passé du temps à lire des livres d'histoire féministe sur les sorcières, des contes du folklore russe ou japonais, et à chercher une figure à laquelle je pourrais m'identifier."

"On ne fascine pas sans tromper"

Dans le film suivant, Sound of My Voice (de Zal Batmanglij, 2011), Brit comprend son obsession intime : "la croyance à quelque chose d'incroyable, la puissance du récit." Mais aussi, ajoute-t-on, la charlatanerie qui menace toujours celui qui raconte des histoires aux autres, pour les sauver de leurs vies misérables. "On ne fascine pas sans tromper", reconnaît-elle.

 

Illuminée en toge blanche, Brit interprète une sorte de gourou des garages de banlieue : une femme qui prétend venir du futur et qui agrège autour d'elle une "famille" d'individus déboussolés, qui ont envie de croire à ses fables. Peut-être ne ment-elle pas tout à fait : la question n'est jamais réglée. C'est de cette ambiguïté que naît l'obsession de Brit : puisque le réel nous humilie et nous rend dispensables, peut-être vaut-il mieux croire à un mythe. Religieux ou politique, peu importe.

Pas faites pour les films bien peignés

"Je me sens toujours attirée par les gens qui défendent une idée radicale." Après avoir suivi à la trace une bande de freegans pour partager les expériences de ceux, à la marge de la société américaine, qui croient encore pouvoir "changer la vie", Brit invente dans The East une organisation secrète de terroristes éco-anarchistes. Ce troisième long-métrage, réalisé par son acolyte Zal Batmanglij, est le plus classique de ses films, et sans doute le moins réussi. Brit n'est pas faite pour les films bien peignés. Dans les premières séquences de The East, le spectateur habitué est surpris : elle nous apparaît brune, ennuyeuse, les cheveux soigneusement coiffés.

 

Heureusement, au bout de quelques minutes, parce qu'elle doit infiltrer un groupe de militants qui menace les intérêts de firmes pollueuses, elle se teint les cheveux, change de vêtements : on la reconnaît enfin. Elle n'est plus la prêtresse d'un culte incongru, mais une fille ambitieuse qui tombe amoureuse d'activistes radicaux. C'est tout à fait son portrait : en voie d'hollywoodisation et pourtant infiltrée dans l'underground, fille de bonne famille illégitime parmi les révolutionnaires, destinée à les trahir mais qui voudrait vivre comme eux. Assumant la naïveté et rejetant tout opportunisme, elle hésite : "Je voudrais parler aux gens alternatifs avec la voix de quelqu'un d'alternatif, à travers le filtre de l'industrie."

The OA, un projet singulier

Voilà peut-être ce qu'elle est parvenue à accomplir en passant un pacte avec Netflix, qu'elle remercie pour avoir patiemment laissé se développer son "projet singulier", The OA, afin de faire passer ses drôles d'idées à l'intérieur de l'entertainment de masse. Netflix, qui ne se soucie plus de format, peut se le permettre : le générique ne s'affiche qu'aux deux tiers du pilote, et deux épisodes excèdent à peine les vingt minutes.

 

Brit explique n'avoir d'amour particulier ni pour le cinéma, ni pour la série : "Ce que j'ai toujours voulu, c'est raconter des histoires aux gens." Peu importe le médium. Et ce qu'elle vise désormais, c'est l'invention d'un nouveau genre dont Netflix est l'avant-garde surpuissante. Elle a compris que les séries télévisées n'étaient plus ni sérielles (les spectateurs les téléchargent en une fois) ni télévisées (ils les regardent sur leurs portables ou leurs tablettes). "J'essaie autre chose." Elle cherche un mot pour le définir, puis propose : "une narration internet." Un aspirant scénariste accoutumé aux manuels et aux classes d'écriture s'arracherait les cheveux : rien, dans The OA, n'est construit tout à fait comme il faut. C'est parfois magnifique, et les deux premiers épisodes comptent parmi ce qu'il y a de plus beau, de plus estomaquant cette année. Ça tombe parfois à côté, c'est maladroit, volontairement ou involontairement, sans qu'on puisse trancher, et c'est très bien ainsi.

Prairie, un ange original

Que raconte la série ? Cheveux sales et emmêlés, une certaine Prairie - qui ressemble à toutes les incarnations précédentes de Brit - erre et est retrouvée après une tentative de suicide sur un pont : de retour chez elle après avoir disparu sept ans, cette jeune aveugle adoptée entreprend de dévoiler, sous la forme d'un rituel étrange, ses années perdues à un groupe d'adolescents désoeuvrés. Il est difficile d'aller plus loin dans l'évocation de l'idée centrale de la série sans la déflorer. Prairie est un jeune "oiseau de paradis" innocent, livré au mal, prisonnier d'une cage dont elle n'a été libérée qu'au terme de sept ans de calvaire. Elle a été exilée d'un enfer, mais séparée des anges qui l'accompagnaient et qu'elle voudrait retrouver.

 

S'étant rebaptisée The OA, pour The Original Angel, Prairie est devenue celle que Brit aspire à être : peutêtre une simple mythomane, peut-être une créature angélique venue sauver la jeunesse perdue de l'Amérique, folle ou extralucide - on ne sait pas. "Prairie veut qu'on lui fasse confiance et qu'on l'écoute." Brit aussi. Parfois, accablée, Prairie semble indiquer que tout ce qu'elle raconte est faux : on a eu tort de lui prêter attention, et la série ne pourra que nous décevoir. Mais elle veut aussi croire que le mensonge, si mensonge il y a eu, a été profitable. Nous ne serons pas sauvés - nous ne le sommes jamais par l'art - mais la fable aura eu un effet indirect de vérité sur nos existences. Elle nous aura appris à imaginer des gestes qui, plus tard, dans un autre contexte, nous permettront de survivre. C'est la leçon de The OA, qui peut énerver, désarmer ou toucher.

Sortir de la solitude

Heureuse de discuter l'ambition philosophique de ses récits, Brit Marling reconnaît qu'elle cherche une "sorte de religion pour les classes moyennes occidentales ». Elles se sont cru modernes et se sont laïcisées, elles ont perdu ce qui semble à Brit « le sens de la transcendance, de la grandeur et de l'invisible". Elles se sont confortablement construit un lit moral dans le creux du capitalisme consumériste. Brit fait partie de ceux et celles qui, en toute naïveté, aimeraient créer un chamanisme middle class, une secte "fluide", ouverte à tous, sans différence de genre, de race ou de génération, pour rattacher entre eux les individus atomisés du libéralisme agonisant et pour les relier à une vérité.

 

A ce stade de la discussion, on lui fait part de nos doutes. Brit admet volontiers qu'en rompant violemment avec ce qu'elle appelle le "matérialisme d'aujourd'hui", elle tâtonne au bord du gouffre du new age, d'une forme d'imposture néohippie, ou tout simplement du ridicule dans lequel son entreprise peut sombrer à tout instant. On imagine Brit comme une princesse promise au royaume de l'industrie, d'Hollywood ou de Netflix, qui aurait fui le beau mariage qui lui était promis pour s'aventurer seule au pays des artistes indépendants, des activistes et des idéalistes. C'est un rêve enfantin, bien sûr. Elle avoue qu'elle serait embarrassée qu'on la prenne trop au sérieux,comme une adulte pontifiant sur le sens de l'existence, la danse transcendantale, les anges et l'avenir de nos vies fragiles. "Mais il faut au moins essayer."

 

Au téléphone, on l'imagine recoiffer ses longs cheveux blonds désordonnés lorsqu'elle répète qu'elle voudrait "nous sortir tous de la solitude". On comprend que c'est d'abord elle qui espère sortir de la sienne, et que c'est pour cela qu'elle veut être suivie : non pas suivie comme on suit quelqu'un sur les réseaux sociaux, ni comme on suit désormais les séries, de loin en loin, mais suivie "comme ceux qu'on aime", nous dit-elle. A coup sûr, ceux qui la suivront l'aimeront, et nous verrons bien où ça la mènera.

 

The OA, série créée par Zal Batmanglij et Brit Marling (sur Netflix).

 

 



29/06/2019
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L'ère du dogmatisme

 

Le problème actuel - celui de la modernité - c'est que la Science, la Religion, ou l'éthique prétendent chacune qu'il y a une identité absolue entre leurs conclusions et la Réalité. Que bien souvent ces conclusions s'excluent mutuellement ne les trouble pas le moins du monde. Elles se contentent de jeter l'anathème sur tout ce qui sort de leur cadre, elles se renferment dans la négativité et l'hostilité nées de leurs différences au lieu de s'en enrichir. Et ce qui est terrible, c'est qu'elles ont totalement accaparé le discours, et cela ne va que s'aggravant avec la diffusion du savoir.

 

Le mot "énergie", par exemple, qui pour les anciens signifiait tout aussi bien une nature volontaire et courageuse que les influences subtiles dans lesquelles baigne le vivant, est aujourd'hui devenu l'apanage des physiciens, qui l'ont mis en équations. Etant moi-même un scientifique, je ne conteste pas cette tentative d'explication de la Réalité. Je conteste sa prétention monopolistique. Je réclame qu'on ait encore le droit, à côté des sacro saintes formules mathématiques, de penser l'énergie en termes poétiques ou initiatiques.

 

 

La mode des dogmes de toute nature - scientifiques, philosophiques, politiques, religieux ou moraux - qui marque et marquera la fin de notre ère - ne fait pas que se dresser contre la Tradition,  auquel cas, nous aurions affaire à un combat loyal, et tout combat loyal contribue à faire avancer la cause humaine ; elle tente de la supprimer, de l'annuler, en lui niant toute validité, et en confisquant jusqu'aux mots. Comment, dit le scientifique, vous avez employé le mot énergie pour décrire une force que vous n'êtes même pas en mesure de mettre en évidence par des procédés de mesure ? Vous n'avez pas le droit. Energie est un mot que nous avons déposé; vous n'êtes qu'un contrefacteur ou un charlatan. Comment, dit le politique, vous prétendez rendre à l'homme sa dignité et pour commencer vous enseignez des exercices respiratoires ? Cher monsieur, vous êtes un rigolo. La dignité de l'homme ne sera retrouvée que grâce à la dictature du prolétariat - c'est le credo marxiste, le développement du marché - c'est l'espoir capitaliste, la dictature des forts et de la race élue - c'est l'abération fasciste.

 

Comment, dit le philosophe, vous parlez de l'Etre, de la Métaphysique, de ce qui est au delà de l'apparence ? Monsieur, à moins que vous n'ayez été reçu docteur en philosophie dans une université prestigieuse, nous ne vous permettons pas d'empiéter ainsi sur nos plates-bandes. Nous avons déjà suffisamment de mal comme cela à nous y retrouver nous-même, entre toutes nos querelles d'écoles; n'allez pas jeter le trouble avec vos idées simplificatrices et rétrogrades et votre naïveté. Nous, quand le public nous comprend, nous craignons d'avoir laissé échapper une erreur quelque part. Vous n'allez tout de même pas me dire que la réalité est simple. Vous êtes un niais, mon ami. Comment, dit le religieux, vous osez parler de Dieu, en n'appartenant à nulle église, en n'y ayant été autorisé par personne ? Vous êtes un blasphémateur. Comment, dit le moraliste, vous fondez une éthique sur la liberté individuelle ? Vous êtes un anarchiste, un fauteur de trouble.

 

J'allais oublier l'ordre des médecins, toujours prompt à traîner devant les tribunaux le guérisseur qui  réussit là où ils ont échoué. Cette annulation de la Tradition qui est l’objectif principal des dogmes de la modernité dévoile l'aridité des concepts de la pensée moderne, qui ne prétendent plus évoluer dans une confrontation dynamique, mais asservir la Réalité à une partie de la pensée humaine. Pour faire une métaphore biologique, le dogme est un lieu où n'existe plus ni action, ni réaction, et partant aucun dépassement ou surpassement. Le dogme est l'antichambre de la mort des sociétés.

 

Source : Extrait des cahiers de l'adepte (N°3) - 1966


31/05/2018
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L'abérration new-age

 

Je n'adhère pas complètement à cet article sur la forme, un brin méprisante et caricaturale, mais j'y adhère presque complètement sur le fond, à tel point qu'il ressemble furieusement çà ce que j'ai pu écrire il y a presque 10 ans déjà (avec certes moins de talent). Pour préciser ma pensée, je voudrais signaler que je ne rejette pas les différents thèmes récupérés par le mouvement new-age ainsi que leur existence (le présent, les énergies, les formes pensée, la méditation..etc). Je constate simplement l'utilisation et l'interprétation qui en est faite, souvent de façon exotique, déformée ou très personnelle. Par exemple, personne ne peut nier la valeur du moment présent, mais chacun peut s'interroger sur l'interprétation "arrangeante" qui en est faite et sur les façons d'y accéder, de le vivre. (J'y reviendrais dans un article dédié). Un jour, une dame adepte (pour ne pas dire intégriste) du moment présent et peu sensible à l'humour s'est mise en colère parce que je lui ai dit que le moment présent, réduit à un simple concept, ne suffisait pas à pardonner ce qui était refoulé dans notre inconscient.

 

Bref, cotoyant de façon plus ou moins proche des "new-agers" depuis des années, pour reprendre l'expression de Ganji Ananka, et pour en avoir été un pendant quelques années dans le passé, j'ai constaté combien il était facile de se perdre dans des chimères de lumière qui ne sont bien souvent que de nouvelles fuites face aux problèmes quotidiens qui se posent très concrètement et façon entêtante ! Bien sur, il n'y a rien à juger, chacun expérimente ce qu'il choisit, et aussi longtemps qu'il le souhaite, et mes croyances ne sont pas supérieures a celles du new-âge. Et surtout chacun fait comme il peut. Simplement, nous pourrions souhaiter que ces mêmes new-agers fasse preuve de plus de cohérence et de lucidité. Ainsi devrait-ils utiliser cette tolérance et cet "universel amour" dont ils sont les pourfendeurs avant de juger ou mépriser les âmes "sombres" et "matérialistes" qui n'adhèrent pas à leur idéal d'âge d'or manifesté (qui se fait toujours attendre d'ailleurs).

 

Alain - Mai 2018

 

 

 

L'abérration new-age, ou comment la génération indigo s’empare de la spiritualité

Par Ganji Anankea

 

Ce qui m’a toujours beaucoup amusé dans la mouvance New-Age c’est que les individus qui la composent ne se qualifient pas comme tel. Inconscience ? Honte ? Il est vrai que ce mouvement pseudo-spirituel est bien souvent perçu comme une grande foire aux illuminés et charlatans.

 

Généralement, le pratiquant ou aspirant New-Age est convaincu dès son plus jeune âge qu’il est différent, exceptionnel, unique, ce qui ne l’empêche pourtant pas de se fondre avec plaisir dans  la masse New-Age en adoptant son jargon et ses croyances, embrassant le tout avec jubilation et force naïveté. Car au fil du temps, ce mouvement a conquis le cœur de milliers d’âmes en perte de repères, mais surtout, en quête de sensationnel, et ce petit microcosme a fini par développer sa propre cosmogonie riche de nombreux mythes et concepts communément admis (dont le nombre s’accroît à vue d’œil). De sorte que si vous évoquez la possibilité que votre enfant soit doué d’une sensibilité particulière, l’adepte aguerri vous expliquera aussitôt qu’il est probablement un enfant Indigo* envoyé pour faire évoluer l’humanité. Parmi le palmarès des plus grands succès New-Age, nous pouvons également citer les concepts de synchronicité*, de moment présent*, le pouvoir de l’intention*, les formes-pensées*, les égrégores*, la mission de l’âme*, l’acceptation, le lâcher prise et le non jugement. Nous verrons plus bas comment ces concepts nourrissent la soif de pouvoir, la mythomanie, le sentiment de toute puissance, le rejet de la réalité, et encouragent l’acceptation de l’inacceptable, la passivité et le laxisme. Car il est gai notre New-Ager, il est « positif », convaincu que la pensée positive est la seule capable de sauver l’humanité du chaos, de l’ignorance et accessoirement, de la morosité. D’ailleurs, il ne remet jamais en question la cause New-Age par excellence : sauver l’humanité. Et c’est naturellement à lui, l’être conscient, l’être choisi, l’être supérieur en somme, qu’incombe la dure tâche de montrer la voie.

 

Depuis 2011 que je m’intéresse à ce mouvement hétéroclite, j’ai eu tout le loisir d’en observer et d’en comprendre les aspects divers et variés mais aussi et surtout, ses projets plus ou moins inavoués.

 

Ce qui définit avant toute chose l’adepte de cette tendance néo-spirituelle de l’ère du Verseau*, c’est sa conviction inébranlable que nous vivons un tournant dans l’histoire : l’humanité serait en effet entrée dans une ère de progrès et d’évolution hautement active, conférant à certains êtres humains des pouvoirs extraordinaires, des facultés paranormales. Il va sans dire qu’il se considère comme faisant partie de cette humanité sur-évoluée, preuve en est qu’il a su reconnaître et se rallier au mouvement New-Age, car il est, rappelons-le, depuis toujours « différent » des autres, et possède des facultés extrasensibles qui en attestent. Selon les spécificités de chacun, nous retrouvons cet activiste tantôt dans le milieu des thérapies alternatives (dont le nombre semble pouvoir s’accroître à l’infini), tantôt dans le secteur néo-chamanique, la magie blanche, les communautés bouddhistes (ou autres religions orientales), l’occultisme, la divination (tarot, pendule, numérologie…), l’agriculture (permaculture et autres), les arts (danse, sculpture, artisanat…), et même parmi les chercheurs en civilisations exceptionnelles (disparues ou extraterrestres).

 

Le plus souvent, le New-Ager a conscience qu’il doit se former s’il veut devenir crédible. Il entreprend alors une formation auprès d’une autorité reconnue de tous: un chamane shipibo exilé dans le Poitou, un conférencier Feng Shui, un maître Reiki, un yogi renommé… Il accumule les découvertes à consonance spirituelle exotique en participant à divers ateliers : cérémonie du thé  Zen, confection de tambour ethnique, tente de sudation… dans ce domaine il n’a que l’embarras du choix. C’est ce que notre jeune initié appelle « travailler à son évolution spirituelle», mêlant l’utile à l’agréable et confondant aisément l’ambition professionnelle avec la connaissance de soi. Cet amalgame commode lui permettra ultérieurement de s’autoproclamer lui-même une autorité dans le domaine de la guérison ou de l’éveil spirituel. Pour parvenir à leur fin, les plus ambitieux et téméraires d’entre eux choisissent parfois l’itinérance et partent butiner quelques techniques à droite et à gauche chez tel « ambassadeur de la Lumière » prisé du moment, tel maître ascensionné, dans un temple shaolin provençal ou encore, chez le dernier des Mohicans. Certains diraient qu’il s’agit là d’une sorte de compagnonnage moderne, comme on partait jadis sur les routes de France pour se former auprès de maîtres-ouvriers. Mais à l’époque il était surtout question d’apprendre des techniques ouvrières et artisanales nationales, rien à voir donc avec cet univers ethno-folklorique d’apprentis sorciers atteints du syndrome de Peter Pan.

 

Acquérir de « supers pouvoirs », devenir un être de lumière, communiquer avec les anciens pharaons, les anges ou encore avec les entités extraterrestres, découvrir la félicité éternelle et incarner auprès de tous cet idéal, trouver sa mission de vie, devenir « passeur d’âme », supprimer la dualité du bien et du mal, forment quelques unes des obsessions dont nous abreuvent jusqu’à plus soif nos chers travailleurs de la lumière. Le monde est beau, tout est bien, la lumière peut tout, sont des positions éminemment pertinentes qui nous éclairent et nous rassurent quant à la situation géopolitique mondiale. Ouf ! Nous sommes sauvés ! Mais derrière cette pléthore de « bonnes intentions », se dissimule à peine le motif réel, bien moins louable certes mais si désespérément humain : la quête de pouvoir. Le mouvement New-age serait-il une jolie devanture pour couvrir des activités qui relèvent bien plus de la manipulation énergétique, autrement dit de la sorcellerie, que de l’altruisme ?

 

Car de quoi parle-t-on lorsqu’il s’agit d’apprendre à manipuler les énergies ? La manipulation des énergies personnelles, de l’univers, des autres, des objets… est au centre  de cette idéologie douteuse. La plupart des personnes qui prétendent utiliser les énergies pour guérir ou qui disent canaliser des esprits angéliques ne savent en fait absolument pas ce qu’elles font. De quelles énergies s’agit-il au juste ? De quelles entités ? Quels effets sur les autres ou sur elles ? Quels pactes sont-elles en train de contracter et avec qui lorsqu’elles utilisent leurs dits « pouvoirs » extrasensoriels ? Il est absolument impossible de répondre si le prétendant n’a pas auparavant embrassé la voie de la connaissance de soi et ne s’est jamais confronté à la réalité occulte de notre monde. Dans la société New-age, c’est l’égo qui va au-devant du pouvoir et non l’âme, comme on se plaît à le penser. L’âme ne cherche pas à subjuguer l’autre, à le transformer ou encore à le faire aller vers la lumière, discours que je n’ai que trop entendu. L’âme n’a aucune soif ni nécessité de pouvoir, et encore moins sur l’autre. Elle est porteuse d’un monde riche de valeurs qui se suffit à lui-même mais que trop peu se décident à rencontrer (réellement) tant il peut paraître austère pour les jouisseurs que nous sommes. Ainsi la liste des pratiques et des grands prophètes du mouvement ne cesse de s’allonger. Cette idéologie s’est parfaitement implantée aux quatre coins de la planète car – et oui ! – elle a d’ores et déjà commencé à gangrener les continents initialement réfractaires comme l’Afrique. Le mouvement New-age a globalement rempli ses objectifs : absorber, digérer et synthétiser les croyances locales, en une pensée unique au jargon de plus en plus caractérisé et identifiable, et en affichant en toute circonstance une attitude auto-satisfaite et résolument positive.

 

Aux origines de ce syncrétisme, nous déterrons les ossements de Madame Blawatski et de sa si célèbre société théosophique. Si theos signifie Dieu ou divinité en grec ancien, notre New-ager contemporain n’a que faire de Dieu puisqu’il se suffit à lui-même. Tantôt « indigo » tantôt de blanc vêtu (couleur universellement admise par le mouvement), mais toujours et inconditionnellement empli de lumière. Cette fameuse lumière qui revient décidément dans toutes les bouches, n’est pas sans rappeler la lux de Lucifer, l’ange déchu porteur de lumière qui se prend pour le seul et unique Dieu. Ce mythe, ce complexe, est la caractéristique de tous les êtres humains qui à travers les époques ont vainement  cherché le pouvoir absolu et l’instauration d’une nouvelle ère. Je citerai parmi les plus célèbres les empereurs romains, Alexandre le Grand, Jules César, Louis XIV, Napoléon et plus proche de nous, Adolphe Hitler. Celui-ci prônait l’édification d’un nouvel empire, une nouvelle terre, une nouvelle race. L’Aryen définissait cette élite aristocratique, l’espèce supérieure qui devait régner pour les siècles à venir. Nous retrouvons les mêmes codes de langage (dans la limite des ressemblances), les mêmes mythes, les mêmes projets de gouvernance mondiale dans la mouvance New-Age.

 

Car l’esprit New-Age est aussi un projet politique ; l’accessoire incontournable du nouvel ordre mondial (que je nomme l’Empire du Serpent Noir) pour abrutir les masses, via cette fameuse intelligentsia cultivée et éminemment parfaite. Par son action médiatique (TV, internet, presse, livres, journaux…), tout individu assoiffé de spiritualité et de vérité, si sincère soit-il, doit périr,  absorbé par ce courant castrateur. Tout esprit de révolte doit être jugulé et anéanti au profit du positivisme absolu, de la joie cosmique et… de la totale impunité politique de ce nouvel ordre mondial. Il paraît évident que le mouvement New-Age n’a strictement rien à voir avec un authentique esprit de recherche. La connaissance de soi ne peut être et ne sera jamais la somme de savoirs, formations, lectures et autres bidouilles, mais le fruit d’un authentique travail de plongée en soi et de découverte de notre monde intérieur. Non, la Connaissance n’est pas la norme de ce mouvement. L’humilité non plus apparemment : je ne compte plus le nombre d’écrits qui donnent le Divin pour acquis à ces bateleurs. Alors que l’initié se bat, affronte ses démons et se dépouille sa vie durant pour accéder à une forme de sainteté, le New-ager n’a qu’à en formuler le souhait. Il est visiblement question de propagande universaliste, d’uniformisation des esprits et de manipulation des masses. Nous sommes bien loin d’un St Jean de la Croix, d’une Thérèse d’Avila, d’un Ramakrishna ou même de Bouddha qui, je le rappelle, a vécu des années d’austérité éprouvante avant d’atteindre l’Éveil.

 

Le Nouvel Age s’octroie l’accès à l’Illumination et à la lumière sans recours aucun à un sérieux travail préalable, il y a droit, un point c’est tout ! L’Ici et maintenant est une exigence violemment vitale pour tout apprenti sorcier. Rappelons les mots d’ordre de ce mouvement : l’acceptation de soi, apprendre à s’aimer, lâcher prise, ne pas juger… Autant d’injonctions évidentes à l’inertie spirituelle (et intellectuelle). Car la spiritualité naît justement de la remise en question de soi, de notre conditionnement personnel et de tout le reste, la non-acceptation est la base de ce mouvement intérieur qui bouscule notre vision consensuelle et tout confort de la vie, et nous dépouille de nos acquis. Ce que le fast-food est à notre nouvelle tendance gastronomique urbaine, le New-age l’est à notre spiritualité moderne, grotesque parodie, vulgaire philosophie de vie du citadin oisif et auto-satisfait. Dés lors, pour être à la hauteur de ce qu’il ambitionne, le New-ager a recours a une arme redoutable : la mythomanie. On ne compte plus le nombre de méthodes scandaleuses surgies ces 30 dernières années qui s’autoproclament thérapies alternatives alors qu’elles ne font que recourir à des techniques de visualisation et d’auto persuasion. Nul besoin d’incarner ce que l’on prétend être, nul besoin de guérir authentiquement, il suffit de s’en convaincre. Lamentable comédie.

 

L’île aux enfants n’est plus ce qu’elle était, un instant de paix et de joyeuse insouciance au milieu de notre terrible réalité politico-économique, l’île aux enfants est devenue une doctrine fascisante, le dictat de la happy attitude, qui compte bien éradiquer tout esprit critique afin de laisser faire nos politiques et les aristocrates de ce monde, les laisser œuvrer en paix à notre place. Alors, mes frères, lâchez prise et goûtez au Prana ici et maintenant, il suffit d’y croire, le monde de la lumière vous donnera toute puissance et bonheur éternel ! Il vous rendra en tous cas assurément aveugles, programmables et influençables à souhait. À cette grotesque vision de la vie je préfère l’esprit critique, la lucidité et l’humilité qu’exige toute démarche authentiquement spirituelle. Car la connaissance de soi et par extenso des forces qui régissent le monde ne se donne qu’à celui ou celle qui a le courage de rejeter autosatisfaction, ainsi que toute idée reçue et tout confort intellectuel etc… Chers amis, je terminerais en ajoutant qu’il est tout à fait honorable de vouloir la paix dans ce monde mais vous connaissez ce vieil adage : « l’enfer est pavé de bonnes intentions », et bien souvent la sagesse populaire vaut bien la sagesse de Maitreya*. Donc, pour les 10 000 ans à venir, soyez heureux mais surtout soyez lucides et gardez les pieds sur terre.

 

Ganji – Iurikan – Iorineka

 

Source : https://www.ganjianankea-therapy.com/


30/04/2018
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