INTEGRAAL-concept

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Pardonner (ou pas) à ses parents ? (réflexion sur le pardon psy)

 

 

A travers de précédents articles "fondateurs et introductifs" (N°17 et N°18) j'ai tenté de cerner au mieux la nature du pardon non-duel, notamment en le mettant en perspective avec d'autres formes de pardon: Pardon religieux et pardon laïque. Mais cette petite revue ne serait pas complète sans le pardon des PSY, c'est à dire le pardon que préconisent les professionnels "officiels et autorisés" de la santé psychologique et psychanalytique. C'est en lisant un article dans un journal que j'ai réalisé cette omission, article dont le sujet est : "Pardonner ou pas à ses parents" (Quotidien "Le Progrès" du 20 mars 2019).

 

Je vais donc exprimer quelques idées à ce sujet à titre de complément au dossier du pardon, tout en précisant que mes commentaires, plutôt critiques , sont relatifs à cet article en particulier, pas à la psychologie en général. Car malgré ses limites, il ne faut pas oublier que sans des précurseurs comme Freud puis Jung, monuments spirituels comme " Un Cours en miracle" n'auraient pas pu voir le jour. En effet, le pardon non-duel s'appuie largement sur une notion cruciale et fondamentale de la psychologie: la projection. Mais comme nous allons le voir, elle est rarement utilisée dans une perspective non-duelle par les psy contemporains.

 

A vrai dire, j'avoue ne pas avoir compris l'approche du psychanalyste à l'origine de l'article, une approche confuse et peu cohérente, même au sein du paradigme psy. En effet, il est nécessaire selon lui, je cite : " de se reconnaitre comme une victime, c'est à dire un innocent qui se sent coupable". Comment peut-on être à la fois innocent, victime et coupable ? C'est possible alternativement, ou bien nous pouvons être coupable envers une personne et victime envers une autre, mais j'ai du mal à cerner la trilogie "innocent-victime-coupable chez une personne maltraitée. D'ailleurs, le psy parle d'une "étrange transmutation" qu'il ne sait pas expliquer.

 

Il est question également de pardonner progressivement, "pas à pas", après une longue et mûre réflexion. Nous voyons bien ici l'importance que se donne le mental-égo qui croit décider seul des modalités de son pardon (Quand, comment, avec qui..). Nous serions même capable de pardonner, je cite : "pour de mauvaises raisons" ! Ainsi ce psy écarte d'un revers de la main toute la puissance émotionnelle inconsciente et incontrôlable dont est tributaire le pardon pour produire un résultat (la paix complète à l'égard de la personne pardonnée). Cette posture est plutôt légère et même inquiétante pour un professionnel.

 

S'il est vrai que le pardon est un processus, il devient effectivement vécu et ressenti une fois complet et entier, ou alors il n'est pas. Il n'y a pas de demi-mesures possibles, on ne peut pas pardonner à moitié, ou "pas à pas" selon un calendrier dépendant de notre seul bon vouloir. On peut refouler plus ou moins notre rancoeur. Comme on l'a vu dans les précédents articles, le pardon non-duel n'a rien à voir avec une décision rationnelle qui s'appuie sur des éléments factuels relatifs au comportement de la personne à qui nous voulons pardonner. En réalité qu’il n’y a rien à pardonner parce rien n’est jamais arrivé qui nécessite le pardon. Autrement dit, nous reconnaissons que ce que nous pensions que l'autre nous a fait ne s’est pas réellement produit. C’est nous qui nous le sommes fait, puisque nous sommes les seuls responsables de notre scénario de vie et que nous sommes donc seuls à pouvoir nous priver de la paix.

 

Heureusement, tout n'est pas à rejeter dans cet article. L'auteur admet que le non-pardon est une option légitime. En effet, il est préférable de ne pas se mentir si nous ne sommes pas prêts à pardonner, plutôt que simuler un faux pardon, pour se donner bonne conscience, se croire spirituel ou marchander avec notre "maltraitant". Cette attitude ne fait que refouler plus profondément la haine, la rancoeur dans les bas-fonds de notre inconscient. Il s'en suit des effets indésirables de résurgences émotionnelles subites et incontrôlables, notamment sous forme de colère. Il est nécessaire au contraire de regarder en face cette rancoeur, ne pas la juger, et la remettre en conscience à celui qui va la défaire, notre guide intérieur (ou notre moi supérieur, notre Soi...).

 

Sur le fond, le pardon PSY ne diffère guerre ici du pardon religieux qui en est la source non reconnue et qui a au moins le mérite de la clarté. Ici, Il est toujours question de bourreaux et de victimes, et les préjudices sont considérés comme réels et irrémédiables. Le pardon religieux a simplement été relooké, habillé de savantes théories confuses, incertaines et hasardeuses. Cette fragilité et cette nébulosité du pardon psy ne fait que refléter le choix des fallacieux postulats de départ, purement duels et chers à l'ego. Ils ne correspondent pas à la réalité de Qui nous sommes en réduisant la psyché humaine à un seul intellect qui pense et croit tout décider.

 

Dans l'article, le psy officiel avoue que la plupart du temps, le fait de pardonner ne nous comble pas d'allégresse. Au contraire, c'est souvent un sentiment déstabilisant de vide, de désarroi, de perte qui advient. Son explication ? Il faut attendre que cela passe, c'est la convalescence de l'esprit ! Pourtant, toute personne ayant vécu un pardon authentique sait au contraire que c'est un profond sentiment de paix qui l'envahit dès que ce pardon est accompli. Il le ressent sans la moindre ambiguité. Pas de joie exubérante (propre à l'égo) mais une douce paix et la reconnaissance du pardonné comme étant le même que soi. Il s'en suit une intimité d'esprit immédiate, une reconnaissance que nous sommes tous du même Esprit. Toute rancoeur, vue comme sans cause réelle, a disparue.

 

Alain – avril 2019

 

 

« Pourquoi voudriez-vous s'accrocher à la mémoire si vous ne désirez pas ses effets ? » (UCM) La pensée exprimée ici a des implications importantes pour la théorie psychologique et la psychothérapie. Le passé a un effet sur nous, si nous choisissons le présent pour le retenir. À proprement parler, si je continue à croire que mes parents m'ont abusé et ne m'aimaient pas, alors je verrai mes souffrances adultes comme un effet direct de ces abus. Et je pourrai dire: "Oui, la raison pour laquelle je suis comme ça, c'est parce que j'ai été maltraité quand j'étais enfant". Tout cela est vrai dans le caractère illusoire du monde de l'ego, une croyance soutenue par de nombreux théoriciens de la personnalité.

 

La vraie vérité, cependant, c'est que je choisis dans le présent pour retenir cette mémoire. Si je change d'avis dans le présent, alors, peu importe ce que mes parents ont fait ou pas fait, cela n'aura aucun effet. Et je choisis de m'accrocher à la mémoire amère parce que je désire ses effets de la douleur maintenant, mais je souhaite nier ma responsabilité de l'avoir choisi. Au lieu de cela, la responsabilité est projetée sur le passé et des figures spécifiques, et je me suis donc mis le «visage de l'innocence» (texte, p. 610; T-31.V.2: 6).

 

Ken Wapnick - « A vast illusion ».



01/04/2019
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