The power of (s)now
La neige exerce un irrésistible pouvoir de fascination sur les enfants , mais aussi sur tous les adultes qui ont su garder leur âme d’enfant. Cette attraction peut s’expliquer de mille façons compte tenu de la nature ambivalente et protéiforme de l'or blanc, qui varie aussi en fonction des époques et du contexte. Il demeure toutefois quelque chose d’irrationnel et d’inexplicable dans notre rapport à la neige. Chacun lui trouve quelque chose de merveilleux ou de terrifiant selon les circonstances, selon qu’elle évoque un joyeux Noel ou bien une situation hivernale qui tourne mal. Le poète se laisse inspirer par les flocons qui virvoltent derrière les vitres de sa fenêtre, alors que l’écorché vif n’y voit que l’évocation d’une froide solitude. Le sportif salive sur les pistes de montagne enneigées, mais le skieur malchanceux agonise enseveli sous une avalanche de poudreuse, quand le rêve blanc est devenu cauchemar de la piste noire. L’automobiliste s’amuse de ses légères glissades, mais puis s’angoisse quand il perd le contrôle de son véhicule sur les routes enneigées, dans une attitude joueuse et ambigue qui elle ne manque pas de sel. Enfin, le mystique solitaire s’arrête au milieu d’un paysage de campagne figé par le froid et sanctifié par un profond silence. Le temps suspend alors son vol pour un instant présent d’éternité qui englobe son passé et son avenir, toute sa vie et celle de l’humanité. Dans sa contemplation du grand blanc synonyme d’une virginité d’esprit retrouvé, il accepte la paix et l’innocence du moment présent, le seul « instemps » qui existe réellement : This is the power of (s)now.
Alain - mars 2018