L'abandon de soi et le lâcher-prise - David Carse
Comme promis, voici un extrait de "Perfect brillant stillness" avec lequel je suis en phase (A part la phrase de conclusion!) avec quelques autres chapitre. A noter que c'est la seule fois ou il mentionne Jésus et cite un évangile. Mais ce chapitre, comme les quelques autres à venir, ne reflètent pas, globalement, la pensée de l’auteur et son approche de l’éveil. Le mieux est de lire « Perfect brillant stillness » dans son intégralité pour se faire sa propre opinion. Contactez-moi si vous souhaitez obtenir le texte en français
Alain
Que pouvez-vous emporter d'ici ?
Vous venez au monde les poings fermés,
Et vous en repartez, les mains vides.”
Kabir
L'élément crucial ici, c’est l’idée ou le concept de l'abandon de soi et de la Vérité indicible qui se situe au-delà, antérieure à cette idée. La plupart des autres traditions spirituelles, des méthodes de développement personnel ou des voies considèrent ceci comme un processus, comme quelque chose à quoi vous travaillez : Travailler à lâcher-prise ou à découvrir des trucs qui vous concernent pour qu’ils puissent être évacués ou être purifié. Mais bien entendu, ici comme toujours, la Vérité est radicale. Puisque l’Eveil est la réalisation qu'il n’y a personne ici qui s’éveille, alors le renoncement, c’est celui à toute son existence individuelle.
C'est là où je découvre à quel point la Bhakti (la voie spirituelle de la dévotion) coule dans mes veines, quand Rumi et la voie soufie du renoncement à soi en faveur du Bien-Aimé résonne si authentiquement, quand il est réalisé que c’est ceci que j'avais essayé de faire, aveuglément et vainement, bien sûr, pendant toute ma vie. La racine du nom «David » est un mot hébreu qui veut dire le «bien-aimé». J'aurais dû le savoir. Je l'ai toujours su. Eh oui ! Jnana (la voie spirituelle de la connaissance) est l’autre part de ce qui coule dans mes veines, cet élan vers la compréhension et la sagesse, mais néanmoins, il semble plus naturel de décrire la Compréhension comme une vision intuitive essentielle et une connaissance interne. C’est certainement une compréhension, mais une compréhension qui a peu de chose à voir avec le fait de comprendre quelque chose.
Ceux qui enseignent la pure non-dualité soulignent fréquemment qu’il n’y a pas de prérequis, que rien ne doit venir avant que la Compréhension ne survienne. Nous en avons ici la preuve vivante. Cependant, simultanément, nous avons aussi ici ce lâcher-prise qui semble essentiel et nécessaire. Là-bas dans la jungle, au moment où tout ceci est arrivé et quand il ne se passait rien, un lâcher-prise s’est aussi produit. A l'instar de la Compréhension ultérieure, ce fut un don total que je n’ai ni gagné, ni mérité, ni cherché. Et je vois maintenant, au moins en ce qui concerne ce corps-mental, que c'était nécessaire pour que le reste arrive.
Comment pourrait-on comprendre que l’on n'est pas sans avoir renoncé à son existence ?
Finalement, ultimement, le lâcher-prise et la Compréhension reviennent au même, même s'ils sont apparemment, dans la perception ou l'expérience, séparés chronologiquement. Le concept même de « Compréhension totale » inclut nécessairement le lâcher-prise, puisqu'il débute par ce souhait, « Que Ta Volonté soit faite ! », et s'achève en voyant que l’on n’est pas.
Ainsi y a-t-il une justesse bien sentie dans l’idée que l'humilité soit, sous une forme ou l’autre, la marque d’un vrai sage et le sentiment intuitif que, si l’on a aucun sens de l’humour par rapport à soi-même et par rapport à ce qui se passe, il est hautement improbable que l’Eveil soit survenu. Se prendre trop au sérieux peut être un signal très clair qu’il n’y a pas eu d’abandon, de renoncement à l’idée fausse que l’on existe réellement. Les doutes par rapport à l'authenticité de certains maîtres se résument souvent à ceci : Alors qu’ils peuvent avoir une excellente compréhension des enseignements, c’est peut-être le renoncement complet au sentiment d’un moi individuel qui fait défaut.
Dans cette phénoménalité de la dualité, il y a toujours l'envers, l'opposé complémentaire : le masculin et le féminin, Shiva et Shakti, jnana et bhakti, compréhension et lâcher-prise. Dédaignez l’un ou l’autre et vous manquez la Vérité. Nonobstant des traditions contraires, il ne peut simplement pas y avoir d’authentique jnana sans authentique bhakti, il ne peut pas y avoir de compréhension ultime sans un ultime renoncement à soi. Certaines personnalités tenteront d'éviter l’un ou l’autre sous l'apparence ou le couvert d’une sagesse supérieure, mais toujours au prix de la complétude.
Il existe une tradition suivant laquelle jnana est la voie supérieure, parce que le bhakta s’appuie sur une croyance en quelqu'un ou quelque chose envers qui ou quoi il est dévoué, alors que le jnani sait qu’il n’y a ni l’un, ni l’autre, mais la véritable bhakti est une dévotion pure et sans objet et le véritable jnani ne sait rien.
Jnana et bhakti, la connaissance et la dévotion, la compréhension et le lâcher-prise, la vision intérieure et l’épanchement, l'esprit et le cœur ne peuvent être divisés ou opposés, parce qu’ils sont pareils.
« La base essentielle de la réalisation du Soi, c’est le rejet complet de l'individu en tant qu'entité indépendante, que ceci survienne par l'entremise d’une compréhension spontanée ou le renoncement complet à son existence individuelle » (Ramesh)
On peut voir que le chemin du bhakta dans la dévotion qui mène au renoncement et que celui du jnani dans la connaissance qui mène à la compréhension se rejoignent lorsque chacun franchit le pas ultime. Le renoncement ultime est la Compréhension globale et la Compréhension globale, c’est le renoncement total jusqu’à la mort du moi individuel.
D'après Jésus : « Celui seul qui perd sa vie la trouvera » (Evangile de Matthieu, 10.39). Et encore : « Pas ma volonté, mais que Ta Volonté soit faite » (Evangile de Matthieu, 26.39) , car il est compris qu’il n’y a pas de « mien », ni de «moi» pour vouloir. C’est le renoncement à tous les vestiges du sentiment de la personne individuelle, y compris, aussi ironique que cela puisse paraître, tous ces espoirs, rêves et prières de jamais devenir une bonne ou une meilleure personne ou une personne que les autres pourraient aimer ou apprécier ou vers laquelle être attirés. C’est le lâcher-prise total dans « Ceci est tout ce qu’il y a ».
Ce renoncement final, cette Compréhension totale est brutale et ne se produit qu’une fois et cette fois, c’est maintenant, et ce maintenant est éternel.
David Carse – Perfect brillant stillness
Extrait du chapitre 6 : « L’abandon de soi et le lâcher-prise »
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