INTEGRAAL-concept

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Le fardeau de la concience ordinaire

 

Q: Comment parvenez-vous à connaître un état de pur être qui ne soit ni conscient ni inconscient ? Toute connaissance n’est que dans la conscience. Il doit y avoir un état qui soit comme une suspension du mental. Dans ce cas, la conscience apparaît-elle comme le témoin ?

 

M: Le témoin ne fait qu’enregistrer des événements. Quand il y a suspension du mental, même la sensation « je suis » disparaît. Il n’y a pas de je suis sans mental.

 

Q: Sans mental, cela veut dire sans pensées. «je suis » en tant que pensée s’efface. Je suis en tant que sens d’être, demeure.

 

M: Toute expérience s’efface avec le mental. Sans le mental il n’y a plus ni expérimentateur ni expérience.

 

Q: Le témoin ne reste-t-il pas ?

 

M: Le témoin se borne à enregistrer la présence ou l’absence d’expérience. Il n’est pas, en lui-même, une expérience, mais il en devient une quand la pensée « Je suis » le témoin surgit.

 

Q: Tout ce que je sais, c’est que, parfois, le mental est en activité, parfois, non. Cette expérience du silence du mental je l’appelle suspension du mental.

 

M: Appelez-le silence, vacuité ou suspension, le fait est que la trilogie celui qui expérimente, l’action d’expérimenter et l’expérience n’existe pas. Dans la vision du témoin, dans la pure conscience ou dans la présence à soi il n’y a pas la sensation d’être ceci ou cela. L’être non identifié reste.

 

Q: En tant qu’état de non-conscience ?

 

M: Il est l’opposé de tout ce à quoi vous pouvez vous référer. Il se situe également entre et au-delà de tous les contraires. Il n’est ni conscience, ni inconscience, ni à mi-chemin ni au-delà des deux. Il est, en lui-même, sans relation avec quoi que ce soit qu’on puisse nommer expérience, ou absence d’expérience.

 

Q: Étrange ! Vous parlez de lui comme s’il était une expérience.

M: Quand je pense à lui, il devient une expérience.

 

Q: Comme la lumière invisible qui, interceptée par une fleur, devient couleur ? M: Oui, on pourrait le dire. Elle est dans la couleur, mais elle n’est pas la couleur.

 

Q: Toujours cette même quadruple négation de Nagarjuna ni ceci, ni cela, ni les deux, ni l’un ou l’autre. Mon esprit chavire !

 

M: Vos difficultés proviennent de votre opinion que la réalité est un état de conscience parmi de nombreux autres. Vous avez tendance à dire Ceci est réel, cela n’est pas réel. Ceci est en partie réel, en partie non-réel comme si la réalité était un attribut ou une qualité qu’on puisse posséder à des degrés divers.

 

Q: Permettez-moi de poser la question autrement. Après tout, la conscience ne devient problème que quand elle est douloureuse. Un état de perpétuelle béatitude ne donne pas naissance à des questions. On s’aperçoit que toute conscience est un mélange du plaisant et du déplaisant. Pourquoi ?

 

M: Toute conscience est limitée, et par conséquent source d’angoisse. Le désir, le besoin de l’expérience se trouve à la racine de toute conscience.

 

Q: Voulez-vous dire par la que sans désir il n’y a pas de conscience ? Et quel avantage à être inconscient ? Si je dois renoncer au plaisir pour me libérer de la souffrance, je préfère garder les deux.

 

M: Au-delà de l’angoisse et du plaisir il y a la félicité.

Q: La félicité non-consciente, à quoi cela peut-il servir ?

M: Pas consciente, ni inconsciente. Réelle.

 

Q: Quelle objection faites-vous à la conscience ?

 

M: C’est un fardeau. Corps veut dire fardeau. Les sensations, les désirs, les pensées, tout cela est un fardeau. Toute conscience est conflit.

 

Q: On décrit la Réalité comme être vrai, pure conscience, béatitude infinie. Qu’est-ce que la souffrance a à faire ici ?

 

M: La souffrance et le plaisir arrivent, mais la souffrance est le prix du plaisir, le plaisir est la récompense de la souffrance. Il vous arrive souvent, dans la vie, de faire plaisir en blessant, ou de blesser en faisant plaisir. Savoir que la souffrance et le plaisir sont un, c’est la paix.

 

Q: Tout ça, c’est très intéressant, sans aucun doute, mais mon propos est plus simple. Ce que je veux, c’est, dans la vie, plus de plaisir et moins de souffrance. Que puis-je faire ?

 

M: Tant qu’il y a conscience, il doit y avoir plaisir et souffrance. C’est dans la nature du je suis de la conscience, de s’identifier aux contraires.

 

Q: Mais alors, à quoi tout ça peut-il me servir ? Cela ne me satisfait pas. M: Qui êtes-vous ? Qui est insatisfait ?

 

Q: Je suis l’homme de la souffrance et du plaisir.

 

M: La souffrance comme le plaisir sont ananda (béatitude). Je suis là, assis en face de vous, et fort de mon expérience immédiate et invariable, je vous dis que la souffrance et le plaisir sont les creux et les hauts des vagues dans l’océan de la félicité. Dessous, au plus profond, il y a la plénitude absolue.

 

Q: Votre expérience est-elle permanente ?

 

M: Elle est hors du temps et sans changement.

 

Q: Tout ce que je sais, c’est que je veux le plaisir et que j’ai peur de la souffrance.

 

M: C’est ce que vous pensez de vous-même. Arrêtez. Si vous ne pouvez pas rompre avec une habitude sur le champ, examinez votre mode usuel de penser, et voyez sa fausseté. Questionner l’habitude, c’est le devoir du mental. Ce que le mental a créé, il doit le détruire. Ou alors, réalisez qu’hors le mental il n’y a pas de désir, et situez-vous en dehors de lui.

 

Q: Franchement, je n’ai pas confiance dans cette façon de tout expliquer comme étant créé par le mental. Le mental est un instrument, au même titre que les yeux. Pouvez-vous dire que la perception est création ? Je vois le monde par la fenêtre, pas dans la fenêtre. Tous vos arguments se tiennent à cause de leur fondation commune, mais je ne sais pas si la fondation est dans la réalité ou dans le mental. Je ne peux m’en faire qu’une image mentale. Ce que cela signifie pour vous, je ne le sais pas.

 

M: Tant que vous vous situerez dans le mental, vous me verrez dans le mental.

 

Q: Combien les mots sont inadéquats à la compréhension !

 

M: Sans les mots que reste-t-il à comprendre ? Le besoin de comprendre vient de l’incompréhension. Ce que je dis est vrai, mais pour vous ce ne sont que des théories. Comment parviendrez-vous à voir que c’est vrai ? Écoutez, rappelez-vous, réfléchissez suscitez des représentations, expérimentez. Appliquez cette règle à votre vie quotidienne. Soyez patient avec moi, et par-dessus tout, soyez patient avec vous-même car vous êtes l’unique obstacle. Le chemin passe, au travers de vous, au-delà de vous. Tant que Vous croirez que seul le particulier est réel, conscient, heureux et que vous rejetterez la réalité non-duelle comme quelque chose d’imaginaire, un concept abstrait, vous penserez que je profère des concepts et des abstractions. Mais quand vous serez au contact du réel, à l’intérieur de vous-même, vous découvrirez dans ce que je dis ce qui vous est le plus proche et le plus cher.

 

Source: Extrait du chapitre 37 du livre "JE SUIS"

 



30/04/2017
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