INTEGRAAL-concept

Avant de lire cet article, il est recommandé de revoir le texte consacré aux niveaux logiques. (article N°3)

Tout le monde souhaite connaitre la paix et le bonheur, et l'on peut dire sans risque qu'il s'agit d'une caractéristique commune à tous les êtres humains. Certes, beaucoup d'entre-eux aimeraient déjà juste moins souffrir mais globalement qui n'est pas en recherche de mieux être ? Or, sait-on vraiment quoi faire, par où commencer ? S'il y avait une recette simple et fiable, tout le monde la connaitrait. Le problème étant que chaque “guérisseur” (docteur, philosophe, enseignant, psy, thérapeute, chercheur, guide, Maître, gourou… etc. Rayer les mentions inutiles) croit détenir LA recette, sa propre méthode, et pense qu'elle est applicable à tous. D'une part les offres foisonnent sur le marché du bien-être et de la spiritualité, et d'autre part, nos choix sont directement influencés par l'état de nos croyances au moment ou nous décidons de passer à l'action. En fait, nous verrons que notre libre arbitre est un leurre, et que la plupart de nos choix n'en sont pas, qu'il s'agisse de choisir une voie dans le bien-être, ou de choisir en général... (voir autres articles par ailleurs)

Il est donc utile, pour “piloter” sa vie, de commencer par une clarification de notre situation et de notre objectif afin de déterminer dans quel domaine il est vraiment nécessaire de travailler. Pour cela, nous pouvons, en autres, nous aider d'un outil comme les niveaux logiques pour nous situer. Comme nous l'avons vu dans l'article dédié, cet outil présente le grand intérêt de réunifier plusieurs niveaux de réalité dans une perspective "verticale", en montrant leurs interactions dans un lien de causalité descendant, en "cascade". C'est une petite révolution car la pensée classique postule que la pyramide des besoins doit avoir une base solide (physique) pour s'élancer ensuite vers les hauteurs de l'esprit. C'est par exemple le cas de la fameuse pyramide de MASLOW. Cette logique semble fonctionner jusqu’à un certain point, notamment parce que nous croyons fermement en elle. Et comme nous le verrons au sujet des croyances, elle peuvent faire paraitre vrai dans un paradigme, ce qui ne l'est pas dans un autre.

Par exemple, tant que nous croyons être un corps (et seulement un corps), et que nous nous accrochons à cette croyance, il n'y a rien d'autre à faire qu'à en prendre soin, faire du sport, soigner son alimentation, son apparence, ne pas faire d'excès... jusqu'à que cela ne suffise plus à nous rendre heureux ou serein. Il n'y a aucun jugement de valeur quant à ce choix de vie, il s'impose à nous tant que nous le voyons comme inévitable et évident. A contrario, une autre erreur serait d'abandonner complètement l’intérêt au corps parce que l'on s'intéresse à un autre axe de travail. Le corps n'a certes aucune valeur intrinsèque, mais il a un intérêt en tant que révélateur de notre état interne et outil de communication. L'éveillé peut effectivement ne plus se lever, ne plus s'habiller, ne plus se laver, ne plus se raser ou se couper les cheveux. Et là encore aucun jugement ne serait bienvenu. Mais une telle attitude ne risque t-elle pas d’encourager à chercher l'éveil à travers une posture “préfabriquée”, qui laisserait croire a tort l'habit fait le moine ?

L'intégraal-concept est une approche qui s'appuie sur 5 axes complémentaires hiérarchisés, et qui s'inspire en partie des niveaux logiques. Le 5ème axe fait le lien pour replacer les 4 premiers axes dans une stratégie unifiée et harmonisée. Cette approche s'intéresse à l'ensemble des domaines de l'expérience humaine, ce qui ne veut pas dire que l'expérience spirituelle universelle se réduit à ces domaines. Mais c'est en tout cas sur ces domaines que nous avons une compréhension et une action en tant qu'esprit, ou mental-égo. C'est un découpage qui pourrait sembler arbitraire et il l'est, comme toutes les classifications, mais c'est selon moi un compromis intéressant entre un découpage trop simpliste (exemple, le dualisme cartésien corps-esprit), ou trop complexe (exemple, les multiples corps subtiles de la théosophie). Et encore une fois, c'est un échafaudage provisoire.

Cette idée de voies simultanées se retrouve chez un auteur du siècle dernier : Georges Gurdjieff qui l'appelait la "4ème voie". Elle concilie la voie du fakir (travail sur le corps), la voie du Yogi (connaissance, intellect) et la voie du Moine (foi, dévouement). Il donne une métaphore intéressante (prémices des niveaux logiques !) pour décrire les articulations de la « machine » humaine. En effet Gurdjieff utilise une analogie bien de son époque et très imagée : celle d’un cocher qui commande les chevaux, ceux-ci tirant une voiture dans lequel siège le maître. Le cheval représente les sentiments, les désirs et impulsions et il appelle cet ensemble L’ASTRAL. La voiture symbolise le corps matériel : LE PHYSIQUE. Le cocher représente la pensée : LE MENTAL. Et enfin le maître réunit dans un ensemble appelé CAUSAL : le moi, la conscience, la volonté. Malgré son approche ésotérique austère et technique, cet auteur nous a légué d'autres idées intéressantes, comme l’homme machine" ou "le rappel de soi", ancêtre de l’approche “pleine conscience”. Pour plus de détails sur la 4ème voie Gurdjieff, consulter les articles sur son site dédié.

Voici donc les 5 axes d'exploration retenus dans l'intégraal-concept, Ces thèmes sont déjà largement connus dans les milieux du développement personnel et de la spiritualité, mais rarement utilisés conjointement. Le travail s'effectue donc simultanément dans ces 5 principaux domaines, qui correspondent en fait aux différentes étages de la nature humaine: physique, émotionnel, mental, spirituel (ou supramental). Bien sur, dans l’optique des niveaux logiques, l’intérêt est de travailler dès que possible sur les niveaux supérieurs car les niveaux inférieurs suivront d’eux-même et c’est d’ailleurs la seule façon de les “guérir” en profondeur (les transcender). Mais il faut pour cela assurer un minimum de stabilité aux besoins basiques. (Il est difficile de méditer quand on meurt de faim !). La nature humaine est donc prisonnière d’un cercle vicieux qui nécessite volonté, travail et patience pour en sortir.

1- niveau physique-corporel :

Travail centré sur le bien-être et la santé du corps par une approche uniquement matérialiste, mais aussi sur son aspect esthétique (image de soi).

2- niveau émotionnel-sentimental:

Travail centré sur le bien être émotionnel par la libération des blocages, la maitrise des émotions negatives, du stress, de la peur, la colère.

3- niveau mental-psychologique

Travail centré sur nos idées à propos du monde et de nous mêmes, nos croyances, nos valeurs, nos capacités.

4- niveau métaphysique-spirituel

Travail sur le sens et le but de la vie, sur notre nature profonde, notre place dans le monde et l'univers.

5- niveau transcendant

Travail sur la conscience, la présence et la guidance. Ce 5ème axe fait le lien unificateur entre les précédents:

Nous pouvons déjà constater que dans la recherche du bien-être, la plupart d'entre-nous sont focalisés sur un, voir 2 de ces axes, mais jamais sur tous à la fois. Nous pensons que l'un de ces axes exclut les autres, qu'ils sont incompatibles ou que tout simplement nous n'avons pas les capacités nécessaires à les traiter de front. (syndrome des "boutons de radio", une image désuète mais tellement utile). C'est une première série de croyances à défaire, dictées par l'ego, dont le souci premier est de séparer, détailler excessivement pour comprendre à sa manière. Si l'on s'en tient à sa vision linéaire, c'est "l'un ou l'autre", ou "l'un après l'autre".

Ensuite, nous essayons de nous situer dans ce modèle, faire un bilan sur notre positionnement dans ces différents niveaux, avec nos points forts, nos points faibles, nos lacunes. Le niveau 3 (esprit-mental) est central, stratégique car c'est à ce niveau ‘pivot’ que semblent se construire nos décisions. C'est aussi à ce niveau que l'on commencer à travailler sur les croyances inadaptés ou limitantes. On pourrait aussi voir apparaitre des incohérences, avec un surinvestissement dans un niveau et un abandon des autres. Il y a donc une démarche d'équilibrage à entreprendre pour remettre à un niveau acceptable de confort notre véhicule “multidimensionnel'. Le vrai désir d'éveil spirituel viendra souvent plus tard. Le 5ème axe est toujours en arrière plan des autres et doit être cultivé en permanence pour une avancée rapide dans la voie de l'intégraal-concept. C’est l’observateur témoin.

Alain

juillet 2017

A suivre : les 10 caractéristiques de l'intégraal concept