Groupes de "partages" UCM
"Jésus n'arpente pas la salle de classe en vous faisant la leçon à partir d'un livre de textes. Vous lui offrez le matériel d'enseignement - votre vie - et il vous enseigne à partir de là.../...Vous êtes en classe pour désapprendre ce que votre ego vous a enseigné ". Ken Wapnick.
Sur FB, je reçois régulièrement des invitations à rejoindre des "groupes de partage" sur le thème du Cours en miracles. Sans doute parce que l'algorithme du réseau social a capté quelques mots clefs dans mes publications. Elles sont pourtant rares, pour les mêmes raisons que je ne participe pas à ces groupes (je réserve ce genre de publications à mon blog dédié). En effet, ce qui semble à priori une bonne idée pour des sujets grand publique et factuels est à mon sens un échec pédagogique pour les domaines subtiles et ardus de la spiritualité non duelle. On assiste même à une certaine forme de récurrence dans ce domaine: Un étudiant, souvent sincère, qui pense l'avoir compris mieux que les autres se proclame enseignant et lance un groupe. Il publie à la chaine des extraits du gros livre bleu, sortis de leur contexte donc sans utilité. Sous couvert de "partage", il pense ainsi attirer sur lui une attention, une "lumière" qui ne fait que gonfler davantage son ego, ce qui est l'inverse du but officiellement recherché.
Que peuvent donc signifier et apporter à un néophyte des citations comme "les idées ne quittent pas leur source" ? Absolument rien. Certains administrateurs (trices) aime aussi corriger, rectifier les commentaires qui ne vont pas dans le sens de LEUR compréhension et deviennent les gendarmes d'un enseignement qu'ils ont érigé en dogme. Ils finissent d'ailleurs par lasser et faire fuir une partie des membres par leur arrogance. J'ai pu l'expérimenter maintes fois depuis 15 ans. D'une manière générale, l'étudiant réellement motivé n'a pas besoin de groupe de partage, ou occasionnellement pour trouver des ressources. Tout dans sa vie lui indiquera les étapes à suivre, s'il est dans la "bonne compréhension" ou pas. Le véritable partage se fait surtout avec son entourage, avec ceux qui ne connaissent rien de cet enseignement. Il n'a pas besoin de citations, de références, de prosélytisme, juste d'incarner les idées auxquelles il adhère. De même que par son comportement il enseigne spontanément aux autres, par ce qu'il reçoit des autres il apprend la valeur, la nature de son partage, et se réajuste en conséquence.
Le véritable trésor du Cours en miracles n'est pas une avalanche de citations "déracinées", qui sont autant de fleurs qui fanent très rapidement hors de leur substrat, aussi belles soient-elles, car réduites à un angle de vue partiel et partial. Le trésor est un état d'esprit de paix qui nécessite beaucoup de travail, de patience, de persévérance, de volonté et d'humilité. L'essentiel de ce processus est "solitaire" puisque réalisé dans notre propre esprit. L'interaction avec les autres dans la vraie vie sera alors le révélateur de notre véritable avancement intérieur, et l'indicateur de ce qu'il nous reste à travailler si nous avons compris les bases. Finissons tout de même par un aspect positif de ces groupes de partages: S'il conduisent quelques curieux à vraiment s'investir ensuite dans l'enseignement plutôt qu'échanger superficiellement dans les réseaux sociaux, alors c'est toujours cela de gagné. C'est un filtre qui renverra une majorité vers des voies moins radicales, en attendant d'être vraiment prête à "entendre" celle de la non-dualité.
La sagesse dit : "Quand l'élève est prêt, le maître apparait", sauf que le maître en question n'est pas un gourou ou un administrateur du net (ou alors ponctuellement et involontairement) , c'est le pur esprit intérieur (via le script) qui nous guide vers les bonnes personnes, les bons livres, les bons films, le bon emploi au bon moment au bon endroit. C'est tout ce qui est "utile et nécessaire" dans le contexte de notre trajectoire d'éveil hautement individualisée. En fait, malgré les apparences, il en a toujours été ainsi et pour tout le monde : Notre vie nous a toujours apporté de ce que nous avions besoin d'apprendre, sauf que nous n'en avions pas conscience, nous la subissions, nous la refusions, sans parler de la fuir. Sous la guidance intérieure, notre interprétation de la vie change, elle devient une salle de classe permanente. Et la réduire à un groupe de travail virtuel, c'est réduire considérablement la portée d'un enseignement comme le Cours en miracles.
Alain - novembre 2021
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