INTEGRAAL-concept

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5- Introduction au concept de non dualité

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La non-dualité est un changement de perception

 

La dualité telle que nous l'avons définie dans l'article "introduction au concept de dualité" est une séparation, une fragmentation apparente dans notre perception, et non pas dans la réalité. Si telle était le cas, toute idée de non-dualité serait vaine et le monde serait condamné à rester tel qu’il apparait pour l’éternité. Or de nombreux sages de toutes époques en sont venus à la même conclusion, ainsi que plus récemment en occident, des chercheurs émérites, en particulier dans le domaine de la physique quantique: l'unité est notre vraie nature. Ainsi, la pratique non-duelle n'est pas une démarche cherchant à recoller les pièces dispersées d'un vaste puzzle cosmique (comme tente de le faire le savoir intellectuel classique). Elle vise plutôt à changer la perception morcelée, à la fois de nous-même, mais aussi du monde pour en reconnaitre l'intégrité et l'unité. Elle ne construit rien, et ne détruit rien, si ce n’est nos fausses croyances.

 

La non-dualité, plus rarement appellée monisme désigne l'unité fondamentale qui sous-tend la diversité apparente et la multiplicité des formes du monde sensible (tel qu’il est perçu). Elle désigne aussi les approches philosophiques ou pratiques qui conduiraient à réaliser la nature de cette unité. C’est un enseignement représenté dans plusieurs traditions comme l’hindouisme, le Bouddhisme, le Taoïsme. Son but est de réaliser notre vraie nature par la compréhension intime que nous ne faisons qu’un avec le Tout. Il existe également une non-dualité « occidentale » représentée par des mystiques chrétiens comme Jean de la Croix et Maître Eckhart. Leur expérience étant donc à contre courant des églises dominantes.

 

 

Un concept duel qui pointe vers la non-dualité

En général, le concept de non-dualité fait référence au dépassement de l'ego (gardien de la dualité) qui laisserait place à la plénitude, l’amour inconditionnel, la fusion complète avec le Tout (ou le rien, selon les courants). L'ego est le principe qui pousserait les êtres humains à occulter le Soi, (notre vraie nature unifiée) par l'identification au corps, à l'histoire personnelle, au rôle social, et à toutes les formes de séparation, de rejet, de repli, avec toutes les souffrances qui en découlent. Il existe de nombreuses variantes de cet enseignement sur la nature du Soi et de l’ego. Mais généralement, il s’agit de transcender la dualité induite par l'ego pour accéder au bonheur, à la paix, et à l'amour inconditionnel, envers soi-même et les autres.

 

Comme je le développerais par ailleurs, on ne peut pas comprendre la non-dualité et encore moins la vivre sur commande avec une recette toute faite ou une pratique quelconque. Nous pouvons juste préparer, installer un état d’esprit favorable à sa venue: l’état de paix intérieure. Nous ne pouvons pas non plus l’expliquer, sauf indirectement avec des concepts et des symboles eux-mêmes duels car notre mental-esprit ne peut percevoir et raisonner que de cette façon, étant produit premier de la dualité. Le simple fait qu’il existe plusieurs enseignements de la non-dualité (paradoxe) prouve que nous restons dans le cadre de l’ego dans n’importe quelle transmission d’enseignement. Comme le dit le proverbe, il faut s’efforcer de regarder la lune, pas le doigt qui pointe la lune : regarder vers quoi pointe le concept (la non-dualité) et non pas le concept lui-même (la dualité). Comme le dit le sage indien Nisargadatta Maharaj, il faut s'orienter vers ce qui précède les concepts.

 

 

Les 3 principaux niveaux de la non-dualité

J'ai distingué dans l'article d'introduction à la dualité, 3 niveaux, 3 approches différentes. De même en ce qui concerne la non-dualité, on peut distinguer 3 niveaux qui sont en quelque sorte les "équivalents", les "antidotes" correspondants. Notons encore ici que nous restons dans le fonctionnement duel du monde de l’ego avec ses paires de concepts opposés: Par exemple, au 2ème niveau, la non-dualité conceptuelle s'oppose au dualisme cartésien (voir ci-dessous). Nous verrons aussi dans l’article sur les niveaux logiques que le terme “niveau” n’a pas de connotation péjorative, mais fait référence à des strates de fonctionnement logique différentes.

 

a) “Non dualité”matérialiste:

Ce premier niveau ne peut pas réellement être défini comme non duel, bien qu’il soit “vu” ainsi de l’intérieur, mais il en symbolise une première approche, une volonté d'unification, dans une perspective athée. Bien que subsiste la dualité esprit/matière (monde considéré comme objectif, réel et extérieur à soi), il y a une tentative pour considérer le monde matériel comme formant un tout indivisible et interdépendant. Dans l'idée, c'est par exemple le big-bang des physiciens qui considère l'univers comme une entité, le communisme marxiste soviétique, l'écologie intégriste des occidentaux, et dans une moindre l'utopisme hippi issu de mai 68... Ces rapprochements peuvent sembler osés mais derrière chacun de ces termes il y a l'idée qu'une idéologie d’unification "forcée" au plan matériel implique un certain totalitarisme sur le plan social. Là encore nous y reviendrons à d'autres occasions. Globalement, un des inconvénients principaux est ici la vision très réductrice, mécanique et passive de l'être humain.

 

b) Non-dualité conceptuelle :

A ce niveau, la conscience et tout, et tout est conscience. Selon les courants et auteurs, cette pure conscience est assimilable à l'esprit de Dieu... ou pas. Elle est primordiale et constitue la réalité fondamlentale de l'univers. Platon fut l'un des premiers philosophes a proposer une vision du monde dite “idéaliste”, à travers sa célèbre allégorie de la caverne. Elle nécessite l'existence d'un royaume dit "transcendental" qui transcende l'espace et le temps, tout en étant leur source. Toute manifestation a son origine dans ce royaume, apparait puis disparait à chaque instant sur l’écran du monde. L'existence de ce royaume est invérifiable rationnellement mais permet d'expliquer tous les phénomènes de perception dans la conscience. Puis, la version "moderne" de cette non-dualité parle de concepts non réels dans la conscience, qui elle seule est réelle. Ce niveau regroupe de multiples approches et enseignements, dont les plus connus en occident sont l'Advaita (littéralement “non-deux”), le Néo-advaita, le Boudhisme dans sa forme originelle. On peut faire entrer dans ce groupe la plupart des non-dualités en vogue à l'heure actuelle, y compris certains courants issus de la physique quantique. Il faut retenir de cette non-dualité qu'elle réfute la réalité du monde sensible, qui n'est qu'un ensemble de concepts virtuels dans notre conscience-esprit. J'ai développé dans un article dédié ce qui me semble être les inconvénients de cette approche, même si elle constitue un progès considérable par rapport au 1er niveau et même une révolution culturelle..

 

c) Non-dualité transcendante :

A défaut de dénomination vraiment adéquate, j'ai appelé ce niveau la non-dualité transcendante. Elle présente des points communs avec la non-dualité conceptuelle (par exemple sur l'irréalité du monde sensible), mais va plus loin en postulant le fait que la conscience n'est pas l'état ultime à atteindre, ni notre vraie nature. En effet, “au dessus” de la conscience, qui selon elle est encore du domaine de la dualité, se trouverait l’existence du pur esprit ou esprit de Dieu, inconnaissable depuis notre perception duelle. Mais Il s'agit d'un Dieu totalement différent de celui de la religion, comme nous le verrons dans les articles dédiés. Par ailleurs, contrairement au précédent niveau, elle propose une métaphysique subtile et sophistiquée pour expliquer l'origine du monde, de l'existence et de la dualité, ce que ne fait pas la non-dualité habituelle (“tout arrive spontanément”). L'inconvénient de cette approche est la nécessité d'accepter des postulats non vérifiables directement, en tout cas au début d’une quête spirituelle. Il nous est demandé de faire le "saut de la foi" en faisant confiance à notre guide intérieur pour nous emmener progressivement vers la non-dualité absolue, faite de paix, de liberté, et de joie.

 

La fin du monde objectif

Dans ce blog, nous nous intéresserons principalement aux 2 derniers niveaux de non-dualité, qui représentent une véritable révolution dans le paradigme de la pensée classique. (voir article à ce sujet) En effet, peu de gens sont sont prêt à accepter l’idée que ce monde n’est pas réel, qu’il n’est qu’une projection de notre esprit, et qu’il est donc totalement subjectif… Pourtant, si nous définissons la réalité comme tout ce qui est objectif, unifiée, éternel, incorruptible, illimité, nous devons constater que ce monde ne l’est pas. Si pour nous réalité rime avec objets solides, alors la non-dualité n’est pas encore pour nous. Ainsi nous pouvons toujours remettre en cause cette définition qui reste encore un concept, et nous contenter d’une non-dualité matérialiste (1er niveau). Mais notre esprit, notre âme, notre intuition, en tous cas pour de plus en plus d’entre-nous, ressentent intuitivement que le monde est beaucoup plus que ce que nos sens nous laissent entrevoir. Par dessus-tout, si de nombeux sages ont atteint la paix de l’esprit, il y a un réel espoir que tout être humain puisse y accède un jour.

 

Promesses et dangers de la non-dualité

Dans ce bref exposé introductif, je me suis limité aux principes de base communs aux principales philosophies non-duelles connues. Mais il existe aussi de nombreuses divergences qui rendent le chemin d’accès parfois délicat et confus. Par exemple, un thème important qui sera souvent traité est celui du libre arbitre et sa remise en cause. Une idée aussi difficile à entendre que celle de l’irréalité du monde. D’autres divergences concernent bien sur les pratiques, innombrables et il est facile de s’y perdre. Toute démarche de clarification peut donc être utile avant de se lancer dans la philosophie non-duelle. J’espère que ce blog sera une modeste contribution en ce sens. Très souvent, l’approche de la non-dualité est initiée par un appel intérieur. mais une bonne ouverture d’esprit et une grande motivation sont nécessaires. Celui qui n’est pas prêt ne s’y attardera pas, et celui qui est heureux sans elle n’a aucune raison de s’y intéresser. Cela arrive en général quand toutes les voies classiques du matérialisme et de l’intellectualisme ont échoués à nous apporter durablement la paix.

 

"Le début de la transformation intérieure est un profond sentiment d'insatisfaction totale avec la vie, autrement dit le calme (dispassion). Ceci est le point de la rotation vers l'intérieur de la conscience personnelle. C'est le point de non-retour dans la quête de la source de la vie.."

Ramesh BALSEKAR

 

 

Alain - Octobre 2016

 



31/10/2016
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