4- Le concept de dualité dirige le monde
Préambule : Qu’est-ce qu’un concept ?
Nous allons souvent parler de « concept » dans ce blog, essentiellement dans sons sens littéral, celui d’une idée, d’un objet de la pensée, d’une représentation mentale, ou encore un objet de la conscience. On pourrait presque dire que le concept est à l’esprit ce que l’atome est à la matière (dans la conception de la physique classique) : une unité d’idée. Tout ce qui compose notre perception est une accumulation et une succession de concepts. Nous en parlerons aussi sous un aspect plus général, comme un projet, un ensemble d’idées secondaires articulées autour d’une idée directrice (exemple : « intégraal concept »).
La conceptualisation est une forme primordiale de dualité : Elle sépare tout en objets et entités distinctes, et leur donne un nom. Il s’agit d’un processus appris qui n’existe pas en état de sommeil profond (sans rêve) et chez le nouveau- né. La conceptualisation semble donc fragmenter la réalité en milliard d’objets-concepts différents. Or nous verrons plus loin que cette fragmentation s’effectue seulement au niveau de la perception, et que la réalité (entière et Une) n’en est pas affectée. Bien que tous les concepts soient « faux » car non réels (séparatifs), nous verrons dans un autre article que certains d’entre eux peuvent pointer vers la réalité et nous en rapprocher, tandis que la plupart nous en éloignent.
Qu’est-ce que la dualité ?
Par définition, la dualité se compose de 2 éléments de nature différente. Elle s’oppose au concept de non-dualité (unité, ou monisme) selon lequel rien n‘est séparé de rien et forme un tout indivisible sans frontières ni limites. Par extension de langage dans les domaines qui nous intéressent ici (philosophie, spiritualité), la dualité se réfère également à des concepts tels que la séparation, la fragmentation, la polarisation et la multiplicité.
Si nous prenons un peu de recul pour observer le monde dans lequel nous vivons, nous voyons bien qu’il est composé d’innombrables dualités. Celles-ci nous apparaissent comme des paires polarisées, chacune étant indissociable l’une de l’autre, car se définissant l’une par l’autre. Et la fusion des éléments contraires annulerait la paire, tout comme le + et le – s’annulent. Les exemples ne manquent pas, dans le domaine abstrait (esprit) comme dans le domaine concret (objets), puisque le second découle du premier (conceptualisation).
Duel/non-duel/ Conceptuel/réel, Existence/inexistence, masculin/féminin, petit/grand, loin/proche, chaud/froid, haut/bas, fort/faible, bien/mal, amour/haine, loin/près, ami/ennemi, beau/laid, droite/gauche… etc.
En fait, tous les concepts du monde ont leurs opposés, car c'est cette dualité polarisée qui les fait exister dans le monde de la perception. Même le concept « neutre » est associé au concept « pas neutre », ou le concept « je » est indissociable du concept « pas je ».
Ce constat étant fait, nous pourrions légitimement nous demander quelle est l'origine de la dualité. Nous y reviendrons dans d'autre articles mais l'on peut déjà mentionner quelques hypothèses : selon l'approche matérialiste ou cartésienne, l'univers physique ne peut exister qu'à travers ce principe de dualité/polarité, tout comme le courant électrique existe par bipolarisation, c'est une condition siné qua none. Selon l'approche religieuse, les ennuis ont commencé lorsque d'Adam et Eve ont mordu dans le fruit défendu (péché les expulsant de l'unité du paradis). Selon d'autres approches, la dualité est née d'un choix d'expérimentation au sein de la matière, un choix qui peut s'avérer être une erreur selon les points de vue métaphysiques !
Les 3 principaux niveaux de la dualité : la croyance en une réalité extérieure
La classification que je propose ici est subjective et n’a pas prétention à valeur universelle. Elle a juste un objectif de simplicité car il n’est pas nécessaire de rentrer trop dans le détail d’un système duquel nous voulons justement échapper, car cela à pour conséquence de le renforcer (voir article sur l’EGO).
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Le matérialisme : Le matérialisme est le concept selon lequel tout est régi par les lois physiques, que tout est matière et/ou énergie. Tout ce qui est exclus du champ physique/énergétique est donc secondaire et considéré comme excroissance ou épiphénomène. A ce niveau, il y a donc croyance que l’esprit et la conscience sont dérivés de la matière, et que la pensée est impossible sans cerveau. Le matérialiste dit : « je suis un corps ». Concrètement, la vie d’une personne matérialiste est axée sur l’acquisition et la manipulation de biens matériels, dans le but d’obtenir un maximum de satisfaction et de plaisir. Elle n’a pas d’autre but car elle est justement gouvernée par la croyance de la loi physique. Un des problèmes majeur de cette philosophie est de ne pas pouvoir expliquer l’origine de la conscience et son fonctionnement, ni l’origine de la matière d’ailleurs. Mot clef : inconscience
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Le dualisme cartésien : Dans cette philosophie exprimée par René Descartes (1596-1650), l’esprit et la matière sont 2 substances distinctes et indépendantes mais cette fois l’être est plutôt identifié à l’esprit et non au corps. L’esprit, hors de l’espace physique est indivisible et possède la faculté de penser, comprendre, sentir, ressentir, imaginer et vouloir. Le corps et les objets physiques suivent leurs propres fonctionnements. L’esprit tente de les expliquer objectivement (littéralement comme des objets) et rationnellement. Le cartésien dit : « Je suis un esprit et j’ai un corps ». Outre l’inconvénient déjà cité pour le matérialisme, l’approche cartésienne n’explique pas la relation entre esprit et matière, et l’influence réciproque qu’ils peuvent avoir. Elle ne dit pas non plus si les animaux ont un esprit. Mot clef : dichotomie
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Le dualisme religieux : Contrairement aux 2 autres dualités, la pensée religieuse propose une explication sur notre origine et celle du monde, à travers divers dogmes métaphysiques variant selon les régions, les époques et les cultures. La religion peut être définie comme un ensemble de croyances ainsi qu’ une structure permettant d'appliquer le système de croyance. La structure peut être ouverte, comme dans une religion conventionnelle, ou elle peut être plus subtile (pression pour se conformer aux idées d’un groupe). Le religieux dit : « c’est Dieu qui a crée le monde, mon corps et mon esprit, et je dois me soumettre à sa volonté ». L’inconvénient de la théologie réside dans son système de croyance dualiste (nous sommes séparés du créateur) qui contient des concepts que l'on nous demande de croire comme la vérité, mais qui ne peuvent être vérifiée dans l'expérience directe de l'individu. De plus, chaque religion croyant détenir la vérité, il n’y a pas de paix possible (cf. guerres de religion). Comme nous le verrons par ailleurs, ce n’est pas le concept de Dieu lui-même qui est en cause, mais les interprétations qui en sont faites. (comme celles qui qui s’acharnent à créer un Dieu à l’image de l’homme, et le voir extérieur à nous). Mot clef : croyance
La dualité engendre le conflit
Lorsque coexistent 2 concepts opposés (paires duelles), il y a forcément un conflit potentiel prêt à éclater à chaque instant. Rappelons-nous que le mot duel signifie également « combat, lutte, compétition », ce qui n'est pas anodin. Sur le plan physique, le fonctionnement du climat de la terre peut donner une image assez parlante du processus de dualité. Ici, la paire duelle est composée d'un pôle froid (pôle nord ou sud) et d'un pôle chaud (équateur). La limite entre les deux masses d'air très différentes si situe au niveau de la zone dite tempérée, à mi-chemin entre ces 2 pôles. C'est à ce niveau que se forment les conflits météorologiques : dépressions, ouragans, tornades. Cela n'empêche pas des moments de calme (anticyclones), mais en raison de la rotation de la terre, à la moindre oscillation des masses d'air, celles-ci s'enroulent dans un tourbillon et c'est la perturbation atmosphérique : la dépression. Il en est de même sur le plan psychologique...
Un univers duel ne peut connaître ni le bonheur ni la paix
Dans tous les systèmes philosophiques pré-cités, il y a dualité esprit/matière, et croyance donc en la réalité objective de la matière. Or, aucun de ces systèmes de pensée ne peut nous combler durablement et nous apporter la paix. En effet, ils sont tous basés sur la séparation et le manque, donc la souffrance. Les biens matériels semblent nous satisfaire un moment, mais bien vite, il faut en changer dans une frénésie sans fin car la lassitude et la frustration s'installent vite. Ils ne comblent pas un vide existentiel sous-jacent, dans une vie en manque de sens et de sérénité. Il suffit d'observer le monde et la plupart de nos vies pour s'en convaincre, mais nous y reviendrons. La religion, quand à elle, propose un système de valeurs morales, de croyances « clef en main », mais au prix de la peur (de Dieu) dans l'asservissement et la foi aveugle. A la frustration du corps finit par s'ajouter la frustration spirituelle et la dualité y culmine dans la fameuse lutte entre le bien et le mal, Dieu et le diable.
« La croyance largement répandue dans le matérialisme a des effets profonds dans nos vies et dans notre société. Si nous croyons de cette façon, nous devons conclure que tout, y compris nous-mêmes et toute la vie, est régie entièrement par la loi physique. La loi physique est la seule loi qui régit nos désirs, nos espoirs, notre éthique, nos objectifs et nos destins. Nous pouvons penser que nous sommes totalement en désaccord avec cette philosophie, mais réfléchissons un peu plus. Ne pensons-nous pas que nous sommes les serviteurs et les prisonniers de notre corps; que nous devons obéir à ses ordres, sous la menace de la faim, la soif, la maladie et l'inconfort si nous ne le faisons pas? N'est-ce pas le bien-être de notre corps qui est notre principale préoccupation, dans la mesure où il est au cœur de nos plans pour tout notre avenir ou pour revivre tout notre passé? Même si l'on substitue le corps de quelqu'un d'autre à la place de notre propre dans les questions ci-dessus, les mêmes conduites nous dominent encore. Nous sommes presque totalement orientés par notre corps, c'est-à-dire la matière. Il y a peu, le cas échéant, de liberté dans cette situation ». (S.Sobottka – Un Cours en conscience)
Alain - octobre 2016
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